MON PREMIER ULTRA TRAIL... CHAFCHAOUEN LA TRAVERSÉE
- Graine de Runneuse
- 27 sept. 2018
- 28 min de lecture
Dernière mise à jour : 12 oct. 2018
AVEC DES OBJECTIFS ÉLEVÉS, L’ÉCHEC PEUT ETRE GLORIEUX.

Tunis le 11 Février 2018
De retour de MOG'RUN TRAIL j’ ai écrit :
«Face à cette majestueuse montagne qui gît fière à l'horizon chevauchée par ces beaux nuages dansants défiant toute force humaine. .. nous étions petits vraiment minuscules asseyant de lui faire face ... bla bla bla »
SHUT UP GIRL !!!!
Des montagnes !!! Mais attends, puis-je savoir de quelles montagnes parles-tu petite Runneuse !!! Rassas? Bougarnin? Hawaria?Zagouan? Tu veux dire bosses ? ou peut-être dunes, mais montagnes ! faut pas exagérer !
Dites, vous est-il déjà arrivé de bien réviser pour un examen, puis le jour « J » vous vous rendez compte qu'avec tout ce que vous avez préparé durant des mois; les efforts,les réveils à l'aube et les weekend sacrifiés; vous n'irez pas plus loin que la première question de l’épreuve ? Vous faites comment pour le reste alors !?
Eh ben c’est exactement ce que j’ai vécu à Chefchaouen !

Nahli, Rassas, Hammamet, Hawaria et Korbos ... je les ai toutes faite à un moment ou à un autre de ma préparation ! Mais à Chefchaouen j'ai fait face à un tout autre scénario ! sur les 4 premiers km, j'ai déjà eu à vivre le calvaire vécu sur chacune de nos "montagnes" en Tunisie ! j’étais désormais hors de ma confort-zone, En à peine 1h de course cette Montagne, m’avait bel et bien terrassé ! 500m D+ en 4km ! passer de 0 à 500m en à peine 4km !
Encore 57km ...

J’ai dû puiser au plus profond de mon corps et de ma tête pour pouvoir continuer, avancer, tenir bon ... et au final Échouer !
Navrée de vous décevoir camarades, j’ai moi-même été déçue !
Je rembobine …
Casablanca le 29 Août 2018

La chef Team atterri à Casablanca, où elle a eu droit à un accueil VIP; nos camarades «Les Coureurs De Fond de Casablanca» Soufian, Youssef et Sami ont eu l’amabilité de venir nous chercher à l’aéroport de Casa, pour nous conduire à Chefchaouen, nous épargnant ainsi un long voyage en train !
Quelques minutes pour faire les prestations et UP ! départ immédiat,direction Chefchaouen, avec en prime un petit détour-surprise par la belle ville de Mehdia, où, cerise sur le gâteau ; Kaouthar, elle aussi coureuse de fond et vainqueur de la dernière Edition du CTT 61km, nous attendait pour un déjeuner au bord de l’atlantique, On a été bien gâtés !

Sur le chemin entre Casablanca et Chaouen, le décor m'a un peu secoué, des montagnes qui s’élèvent de part et d’autre de la route et, quand je dis montagnes « I mean it » ! de vraies montagnes qui , au fil des kilomètres, devenaient de plus en plus hautes et de plus en plus nombreuses , mais ce n’est pas la vue qui m'a le plus secoué, c'est plutôt le fait de savoir que ces montagnes que je trouvais gigantesques ne sont en fait que des dunes comparées à ce qui m'attendait Samedi sur la course !!!

Encore quelques heures en voiture et nous y voilà, bien arrivés, nous n’avons eu aucun mal à trouver nos repères, les mecs nous ont aidé à nous installer et nous ont même fait faire le tour du village.
Ayant déjà affronté La traversée, nos camarades les coureurs de fond de casa, ont su nous mettre dans le bain et nous ont révélé quelques précieux secrets sur cette course ! des secrets, qui le moment venu, ce sont avérés très utiles !
Les gars vous êtes nos super-héros, nous avons hâte de vous accueillir chez nous en espérant pourvoir vous rendre ne serait-ce qu'une partie de ce que vous avez fait pour nous ! Au nom de tout le team : Merci
Et nous y voila à CHEFCHAOUEN ;

Cela fait maintenant 4 jours que nous sommes arrivés au Maroc, plus précisément à Chefchaouen, la perle bleu que j’ai baptisé « Village de Schtroumpfs »! Ce n’est en fait qu’un simple village peint en bleu, mais c’est dans cette simplicité que réside toute la magie. Une véritable merveille architecturale, un décor hors du commun !

Nous n’avions qu’à ouvrir la fenêtre pour plonger dans ce désordre et cette anarchie artistique , on dirait que ces maisonnettes et ces souks se maintiennent les uns les autres et qu’il suffit de retirer un balcon ou une poutre, pour que tout le village d’écroule en dominos aux pieds de cette montagne.

Les 50 nuances de bleu !
Des murs bleus des portes bleues même le sol est bleu ! Quel magnifique tableau hypnotisant, chaque recoin chaque porte et chaque impasse est une vraie délectation visuelle !
On dit que peindre ce village en Bleu était à l’origine l'idée des femmes de Chefchaouen, elles voulaient faire parler de leur petit village, à l’époque inconnu, et bien que personne ne saurait affirmer pourquoi elles ont choisi le Bleu, mais on peut bien dire qu’elles ont réussi leur coup de génie.

Nous avons eu le temps de bien profiter de ce village, tout en gardant notre objectif en vue;
aucune prise de risque, manger sainement, se reposer,dormir suffisamment, ne pas trop marcher et ne pas essayer de nouvelles bouffes...
Sérieux !?
Allez ! on passe aux aveux…
ça ne s’est pas passé exactement comme ça … on a bien profité du village mais ... on a transgressé toutes les règles … Ben on a tout fait ! sans regrets ni remords …

Pour notre défense ;les amis ; CHAFCHAOUEN C'EST LA VILLE DE TOUS LES PLAISIRS!

"Dar Alegria" notre humble résidence, se trouvait à quelques pas de la place d’El KASBA, la place centrale et le cœur battant de la ville, le théâtre de spectacles et de rassemblements non-stop de jour comme de nuit ! Et c’est également le point de départ de la navette de notre course et le point d’arrivée des Finishers!

Toujours dans le cadre des aveux; on ne pouvait pas être à Chefchaouen et manquer une petite randonnée de 4km au sein du parc paradisiaque de AKCHOUR ! même à 48h de la course !
Si le jeu en valait la chandelle ?! Bien sûr que oui !

Ces quelques km parcourus, nous ont mené à un coin PARADISIAQUE, source d’eau en cascade, servant une petite "piscine Naturelle", eau cristalline bien glacée, un peu trop même! tout ça rien que pour nous !
Une belle baignade un déjeuner typiquement marocain; Tajin aux légumes et au poulet qui a tranquillement mijoté toute la matinée sur un feu de braise … que demande le peuple ???
Des règles vous dites !
Faites défiler les photos
Vendredi le 31 Août 2018

La veille de la course … Rappel à l’ordre !
Au programme ; zénitude puissance dix; une petite séance photo tranquillos, retrait des dossards, préparation du matériel et dodo très tôt …
Mais le destin s’en est mêlé...
De bon matin, notre bien aimée Lamia alias Mamie; a eu un petit malaise qui l’avait cloué au lit, le tableau typique d’une gastro ; à 24h de la course !
Bon ok, parfois c'est bien de respecter les règles !

Donc changement du programme ! l’après-midi, on est passé récupérer nos dossards pris quelques photos et nous sommes très vite revenus tenir compagnie à mamie, en attendant le briefing de la course qui aura lieux tout près de chez nous à la place de la KASBA!

Nous étions tous d’humeur plutôt calme sur une grande partie de la journée, mais à la tombée de la nuit les choses ont légèrement changé.
Motaz qui a fait le fou toute la journée, s’est isolé dans sa petite bulle , mamie toujours affaiblie mais bien concentrée et moi je suis passée en mode grincheuse, seul Oussama a su garder le mode cool !

De retour du briefing; les mecs ont disparu dans leur appartement et nous avons fait pareil.
Il est temps de plier bagage !
La préparation de mon sac s’est avérée un chouia plus compliquée que prévu. Après vous avoir partagé la photo de mon matériel, j'ai paniqué ! Mais comment faire rentrer tout ça dans ce minuscule sac !!!
Je ne vous raconte pas la galère,1h, rien que pour fixer le drapeau sur mon sac !!!
Oh, stresse quand tu nous tiens !
Vers le coup de 22h :
- Sacs OK
- Diner OK ou presque
- Tenue OK
Lamia se sentait beaucoup mieux … alors dodo time !
Juste une dernière chose ! une bouffée d’air frais, j’avais besoin de respirer, je suis montée sur le toit prendre de l’air!
Motaz y était , assis seul dans le noir, je pense que dans sa tête il était déjà sur sa course ! un truc de grands Coureurs quoi ! Mais ça ne l'a pas empêché de me souffler quelques conseils, à la fois rassurants et flippants et vous savez quoi? il avait raison sur toute la ligne;
"Demain ton corps va surement te lâcher ; il ne saura pas gérer tout cet effort sans craquer et c’est tout à fait normal, il faut juste l’entretenir tout le long de la course pour retarder au maximum le moment de craquage ! Hydrate toi avant d’avoir soif et mange avant d’avoir faim, si t’as eu envie de vomir ne te gêne pas. Des douleurs des céphalées; ce n'est pas grave, ne flippe surtout pas, t’as ton antalgique pour ça, n’hésite pas à faire quelques arrêts pour pouvoir lutter contre la fatigue et à l’épuisement, mais surtout fais le avant le KO total, parce qu’après, une fois t'es à plat, ça sera trop tard et ton corps ne saura plus récupérer …
Laisser tomber est une option envisageable, mais fais en une option de dernier recours !"
J’ai écouté ses conseils en mode « record » ; et en guise de remerciement je lui ai donné un seul et unique conseil : "Si ça tourne mal, n’hésite pas à abandonner ton objectif chrono, pour sauver et ta course et ta vie !"

De retours dans mon appart, mamie était déjà entre les bras de l'oncle Morphée, c'est à moi maintenant ! mais comment !
L’insomnie … Ça fait partie de mon rituel sur les grandes compétitions ! donc je n'ai pas paniqué ! Je le savais et je m'y suis mentalement préparée …
La fête sur la Place de la Kasbah s’est arrêtée vers 2h30 du matin, J’ai à peine pu fermer l’œil …
3h30, j'ai été réveillée par de violents frissons !! "je ne peux pas avoir froid !" il faisait quoi 30°?! "Mais si ! J’ai froid et je me sens toute drôle ! »
Je jette un œil sur Mamie, elle dormait paisiblement elle n'a pas froid ! c’est moi alors ! j’ai directement su que quelque chose clochait chez moi ! je claquais des dents et j’avais mal partout ! est-ce la Grippe ?! non pas ça! pas le jour de la course !

Notre navette part dans moins de 90 minutes ! je me lève, j’ai à peine eu le temps d’arriver à la salle de bain que j'ai été prise de vertiges foudroyantes ; je me précipite dans mon lit, je me glisse sous la couette, j'avais froid, j’avais trop mal !
Lamia ; réveillée par mon vacarme, ne savait plus quoi faire pour m'aider !
Recroquevillée en position fœtale je tremblais comme une feuille, je pleurais de douleur et de peur !
C’est donc ça une crise de panique !
Il m’a fallu deux comprimés d’antalgique et 30 minutes de repos pour enfin retrouver mes esprits !
"Je dois me lever …"
4h50 j’étais prête, notre navette part dans 10 minutes, celle de Mamie était prévue pour 7h du matin.

La ville était plongée dans le noir, des fêtards se baladaient la tête dans les vapes! quelques rares moments de silence ... rien à part la voie rock du « Imam » récitant des versets du saint Coran du haut de son minaret.
Le stress, l’excitation, le noir, le coran … J’avais le cœur … comment vous le décrire ? chaud ?! C’est ça "chaud" !
Les palpitations faisaient danser mon cœur c’était sa façon à lui d’exprimer sa joie, et même s’il frôlait la syncope il va continuer sa danse ! Alors qu’il danse, plus rien ne compte ! j’étais shootée à « la course » !
C’est parti pour une heure de route jusqu’à la plage, ou sera donné le coup de départ de mon premier Ultra Trail : CHAFCHAOUEN LA TRAVERSÉE TRAIL (CTT) 61km avec 3500m de dénivelé positif ...
Difficile de vous décrire le mélange de sentiments auxquels j’ai dû faire face, assise dans cette navette ! j’étais heureuse excitée soulagée triste et j’avais trop peur.
A peine descendue du van ; je me suis écroulée sur le trottoir, un mal de transport ou une seconde crise de panique ! c’était peut-être un mélange des deux ! et encore une fois, j’ai fondu en larmes ! c’est quoi ce cirque ! souffle coupé vertige frissons …une peur panique m’étreignait...
ça ne sentait pas bon tout ça !!!
15 minutes ; le temps qu’il a fallu pour que ça me passe ! je me lève et je marche.
Encore quelques dizaine de mètres pour rejoindre la mer, point de départ.

Un paysage étrange ! un décor digne d’un film d’horreur ! une plage de nuages à sable noir! Presque impossible de voir la mer, un nuage gigantesque a quitté les hauteurs de la montagne pour venir s’abattre sur la méditerranée ! c’était beau mais c’était flippant !

Les rencontres et les petites causettes avec les coureurs m'ont fait un peu changer les idées. Nous étions 60 personnes tout au plus, des pros et des moins pros, mais ça n'avait plus d'importance ! Aujourd’hui, là ; sur cette ligne de départ nous étions tous à pied égal, nous ne tenons tous face à cette montagne … L’ennemi devant, la mer derrière ! Un ennemi qui en cache 7 autres !

7h10 c’est parti ! Que dieu nous vienne en aide !
Nous n’avions qu’à traverser la chaussée pour se trouver nez à nez avec notre première pente la belle montée de 4km (500m D+).

A peine 10 minutes depuis le top départ, j’étais déjà à plat ! et ça va continuer sur 4km soit 1h15 pour la tortue que je suis !
En à peine quelques minutes d’ascension, La Ville en bas, les champs et la plage au bord de laquelle nous avions pris le départ, sont tous passés en mode "Google maps" ! ça monte et ça n’arrête pas de monter ! tout le monde marchait, même les têtes de la course, mais bon; il y a « marcher » et « MARCHER » …

Je prends mon temps j’avance je ne m’arrête pas...
Je n’avais pas un plan de course ou plutôt je n’en avais plus, en fait j’en avais un, mais à 48h du départ l’organisation nous annonce une nouvelle barrière horaire !
Initialement j’avais 11h30 pour boucler les 45 premiers km et 15h pour franchir la ligne d’arrivée.
En rajoutant cette nouvelle barrière, je n’avais que 6h pour finir les 30 premiers km et 5h pour les 15 km d’après ! un partage disproportionné que l’organisation a choisi de dévoiler à la dernière minute.
Mis devant le fait accompli ! nous n’avions plus vraiment le choix !

Je ne comprends toujours pas, comment ai-je eu l’idée de m'embringuer dans cette aventure sans prévoir un(e) partenaire de route , sachant que je serai toute seule sur la quasi-totalité du parcours ?
En fait Camarade Oussama a été le dernier à rejoindre la chef-team, bien qu’il m’a accompagné tout au long de la préparation, mais je préparais ma traversée et lui son Ultra Mirage et c’est en grande partie grâce à lui que j’ai su gérer toute cette charge de d'entrainement et croyez-moi je n’ai pas été l’élève model !
Ce n'est qu'à une semaine de la course qu'il a décidé de se joindre à nous! mais avant je comptais la faire toute seule ! bon il y avait Motaz ... donc toute seule hhh !
Ce jour-là, le jour de la course, Oussama a tout bonnement sacrifié sa médaille, pour ne pas me laisser seule derrière, il ne le savait pas encore, mais dans quelques heures il allait regretter sa décision…

Revenons à la course, nous continuons notre ascension lentement mais surement !
Au bout de 4km on a eu un semblant de répit, à partir de là et jusqu’au 20 eme km, une partie de montagnes russes ; je devais profiter des petites descentes pour reprendre des forces.
En apprenant les derniers changements concernant les barrières , j’ai préféré ne pas recalculer l’allure ni la vitesse que je devais adopter pour franchir la nouvelle barrière dans les temps, j’avançais sans savoir si j’étais ou pas sur la bonne cadence ; mon seul objectif; est de ne pas lâcher !

Premier point de ravitaillement au 7 eme km, j’avais encore assez d’eau et de réserves, mais je n’ai pas pu résister aux pastèques ! Un ravitaillement bien garni, bananes, pastèques, fruits secs, pommes de terre, sel, sucre et bien sûr de l’eau... il ne manquait que de l'harissa pour faire mon bonheur ! Un staff bienveillant et aux petits soins pour tous les coureurs.
Notre arrêt fut court, quelques minutes et nous voilà d’attaque.
Quelques centaines de mètre plus loin, la Gopro affiche FULL, un coup dur pour mon bébé Vlog et pour ma bonne humeur ! et cerise sur le pudding ; quelques minutes plus tard, Oussama m’annonce : « On est en retard d’une minute mais on doit pouvoir se rattraper sur le prochain ravitaillement »

Cette information en apparence anodine fut le début de la dégringolade au fond fond de l’enfer…
En fait, je savais qu’il m’était impossible de faire les 30km en 6h ! C’est dur de prendre le départ d’une course tout en sachant que vous allez être éliminés dès les 30 premiers Km ! Alors j’ai choisi le déni ! j’ai préféré ne pas y penser et ne pas en parler ! mais Oussama, n’était pas dans la confidence ! je suis certaine qu’au fond de lui il pensait me souffler une magnifique nouvelle ! Mais...
Jamais deux sans trois, et la voilà ma troisième crise de panique de la journée et pas la moindre de toutes ! Le même tableau que les deux premières mais bien amplifié, les frissons les vertiges, la détresse respiratoire et les larmes ; cette fois je fonds en sanglots !

Figée là au dessus des nuage, luttant contre mes démons, J’ai pensé à ma famille et à ce que Papa m’avait dite en me déposant à l’aéroport « Ma fille gagne mais ne prends pas de risques » j’ai pensé à vous camarades, je me suis remémorée tous vos messages d’encouragement et vos commentaires de soutien tout le long de ma préparation, j’ai pensé à Mamie, qui devais affronter seule des pentes pareilles avec tout ce qu’elle a enduré hier ! j’ai même pensé aux personnes qui pariaient sur mon échec ! Toutes ces pensées naissaient dans ma tête et en sortaient en larmes chaudes et douloureuses !
« J’arrête ! c’est fini, vas-y Oussama tu peux le faire toi ! »
Au même moment et dans comme un signe, j’entends de loin le ronronnement du moteur du 4x4 de l’organisation, il passait sur une piste pas loin du parcours, je leur fais signe et je leur demande de me ramener à Chefchaouen !
Le conducteur me défigurait l’air choqué, sans dire un mot ! il devait se demander « c’est qui cette idiote venue spécialement de Tunisie pour abandonner au 8 eme km ! »
Alors voilà le deal qu’il m’avait proposé, « Je vais au prochain point de ravitaillement et puis je repasse par la, si t’as toujours envie d’abandonner, je te fais descendre sur mon chemin! »
Un deal correct je trouve !

Je n’avais plus d’autres choix que d’avancer en attendant ma navette, que j’ai d’ailleurs très vite oublié ! Entre temps, j’ai repris des forces, mais j’ai surtout retrouvé le sourire rien qu’en voyant Oussama transformé en botaniste examinant toute la végétation à la recherche d’une plante bien particulière !
Les km passaient mais pas assez vite, j’ai arrêté de regarder ma Polar, je cours je marche je m’arrête mais j’avance …

Et la voilà sa dulcinée à Oussama, quelques km avant le Check Point 2 (CP 2) au 20 eme km nous avons trouvé quelques plantes éparpillées, c’était bien elle ! c’était bien du cannabis, oups ! je m’excuse ! du chanvre indien ! ça sonne mieux non ?
Mais bon, juste une plante par-ci une par-là, pas de quoi faire toute une histoire !
Le CP 2, toujours bien garni,
Un peu plus long que le CP 1, mon corps avait besoin de repos ! et le voilà mon 4x4 !
Qui ? moi abandonner ? Jamais !
On attaque, un pied devant l’autre, eh oui c'est facile la course à pied ! tu parles !
Loin de toute exagération, sur cette course, j’ai trébuché plus que 300 fois sans faire aucune vraie chute ! C'est grâce à mes bâtons que j'ai pu éviter la catastrophe !
Merci mes bâtons !

Alors où étions nous ? ah oui on a quitté le CP 2;
Bon à partir du 20 eme km ça s'est devenu vraiment étrange ! on ne parle plus de plantes on parle de plantations de cannabis, des centaines et des centaines de mètres carrés WTF !!! Un petit arrêt photos s’impose et « on attaque » ! Euuu la course pas les plantes bien sur !

Au beau milieu de nulle part, de temps en temps nous passons par des petites habitations, de petites agglomérations d’agriculteurs qui vivaient isolés du monde moderne ! les habitants étaient au rendez-vous ils nous encourageaient, nous aiguillaient, les enfants venaient courir à nos côtés sur quelques centaines de mètres, j’étais fière de porter le drapeau Tunisien !

Le paysage ! grand dieu tout puissant ! je ne saurai jamais vous le décrire, j'ai peur de manquer de vocabulaire !
Un paysage à couper le souffle, bien que je n’aime pas trop cette expression ! mais là, elle colle parfaitement ! l’altitude les nuages et l’humidité nous coupaient littéralement le souffle !

Un paysage surdimensionné, envoûtant ! Des montagnes à perte de vue !!! à 360° que des montagnes. Ces dimensions me paraissaient étranges ! j’étais toute petite ! moi qui suis habituée aux petites "pentes", Bougarnin, Rassas… non seulement pas aussi élevées mais surtout isolées, je me sentais mal à l’aise au milieu de cette foret de vraies montagnes !
D'ailleurs y a une photo que je tiens particulièrement à partager avec vous, mais avant il faut que vous sachiez que sur cette photo, il n'y a pas de plage!!! ce que vous voyez au fond c'est en fait des nuages ! nous étions à 1500m au dessus du niveau de la mer !

Le parcours changeait de nature pratiquement tous les 10 km, rocheux, glissant, sablonneux etc ... ça monte ça descend... l’effort change, l’appui au sol change, certains passages étaient plus dangereux que d’autres, parfois un peu trop dangereux ! tous ces nuages ne nous facilitaient pas du tout la tâche, avec une visibilité d'à peine 20 mètres devant, il y avait un vrai risque de chutes ! ce genre de parcours exige une grande concentration et une présence d’esprit constamment au top !

Mais on gérait ! oui tout était sous contrôle …tout ou presque ! la tête, le corps, les chutes, les nuages, la visibilité tout était sous contrôle, sauf le temps, lui, il n’attend pas !
Après une bonne dizaine de km à courir seuls dans la nature, Nous croisons un vieux villageois et on profite pour se renseigner sur la distance réelle qui nous séparait de AKCHOUR, bien qu’on n’a pas pu comprendre grand-chose de ce qu’il a dit, mais le peu qu’on a pu déchiffrer nous a apporté une merveilleuse nouvelle ! encore 6km pour AKCHOUR et donc le CP3 la fameuse barrière des 6 heures !

A ce moment-là, j’étais certaine d’avoir raté cette barrière mais, entre temps j’ai retrouvé la "Sirine" que j’ai toujours connu ! celle qui ne lâche rien ! la têtue la battante, je rate cette barrière et alors ! je vais continuer même en perdante !
Alors rien que 6 km et aucune pente en vue (détrompe toi ma belle) cours !
Après 4km et 6000 pentes, nous y voilà à deux km, on pouvait déjà voir les petites maisons de Akchour et nous entendons clairement le clapotis de l’eau dans les ruisseaux !

Deux km en descente vertigineuse qui débouche sur une magnifique chute d’eau ! pas le temps pour déprendre des photos; nous étions face à une dernière montée gérable avant le CP3 alors non ; pas de photo ! ok juste une ...

6h36 minutes pour les premiers 30km ! ce qui est un record pour ma petite personne ! mais sur le CTT ça me met hors circuit !
« On est éliminés ? » je demande en arrivant !
A ma grande surprise, on me me dit que ça ne dépend que de moi ! le gars de l'organisation me met en garde ; "Tout ce que vous avez traversé jusque-là, c’est du biscuit comparé à ce qui vous attends et il va bientôt faire nuit ! alors à vous de voir !"
Et j’ai vu ce que je devais voir …

J’ai passé 15 minutes sur le CP3, je me suis ravitaillée en eau, j’ai changé mes chaussettes, j’ai profité pour inspecter mes chaussures, ou plutôt ce qui en reste ! incroyables les dégâts !!! mon Salomon tout neuf part en morceaux !!! et ce n’est que le début …
Il est temps de partir, encore une fois nous n’avions qu’à traverser la chaussée pour se trouver face à une pente raide de 15km !!!
En faisant mes premières foulées sur cette pente; la seule est unique pensée qui me traversa l’esprit était pour Lamia ! cette pente était en fait, le point de départ du trail des 30km , on s'est quitté à 5h du matin et depuis, je n’avais aucun moyen pour la contacter ! l’épisode d’hier l’a surement affaibli, elle n’a pratiquement rien mangé de la journée, j’ai beaucoup pensé à elle tout le long de la course, mais en voyant la pente de Akchour , j’ai flippé grave ! je ne pouvais pas ne pas envisager le pire, courir en couvant un virus ça fini souvent mal ! les mains liées moi comme Oussama, on ne pouvait rien faire ! sauf prier pour elle !

Permettez-moi d’ouvrir une "petite" parenthèse au nom d’une "grande" dame, enfin de compte, je n'avais pas à m’inquiéter pour Lamia ! l’abandon n’est pas dans sa nature, une vraie fonceuse qui a glorieusement franchi la ligne d’arrivée, je dis bien « glorieusement » parce que je sais exactement ce à quoi elle a du faire face et tout ce qu’elle a dû endurer sur cette montagne… j’ai tout vu et je l’ai vécu moi-même à un détail près ; j’étais avec Oussama et elle toute seule !
Chapeau bas Lamia ! je m’incline devant la battante que tu es ! et je reste en admiration face à ton infrangible détermination ! Je t’aime petite Mamie à grand Cœur !

Revenons, les voilà nos deux petits RCTiens, ils arrivent au 32eme km
La fatigue se ressentait de plus en plus, le corps commence à lâcher mais heureusement je n’avais ni douleurs ni blessures, juste une fatigue générale qui fait que les arrêts se succèdent et deviennent de plus en plus longs, et pour en rajouter, le soleil fait son apparition ! En fait, nous avions eu beaucoup de chance, jusque-là, la météo nous a bien gâté, hier encore le soleil nous perçait le crâne et aujourd’hui plus rien, pas le moindre rayon! que des nuages denses et du brouillard !
A présent le soleil était là ; il est venu m’achever !

Je ne pouvais pas prendre le risque et me verser de l’eau sur le crane bien que j'en mourrais d'envie, mais le CP 4 etait encore loin et on risque de manquer d'eau !alors je prenais mon mal en patience et j'avance ! ça n’empêche que nous avions trouvé une alternative "savamment" élaborée ! profiter des jets d’eau des têtes d’arrosage installés dans les plantations de cannabis pour nous rafraîchir, très peu efficace mais toujours mieux que rien !
Presque 8h de course; Le soleil m’a bien eu ! je n'avais pas faim mais après presque une nuit blanche , j'avais besoin de sommeil ! et pourquoi pas une micro-sieste ! je me suis donc trouvée un beau rochet bien plat et surtout bien ombragé ! couvert de feuilles du caroubier qui se trouvait juste au-dessus … que demande Sirine !

Oussama fait une pause casse-croûte et moi je m’offre un somme de quelques minutes ! ça m’a fait un bien fou ! réveillée d’attaque ! Je change de mood ! je ne sais plus si c’est l'effet de ma micro-sieste ou bien celui de la végétation particulière qui nous entourait !

Eh ben à partir de là, le paysage est devenu surréaliste ! on courrait, non pas à coté, mais au milieu des plantations de cannabis ! On devait écarter les tiges à mains nues pour se frayer un chemin et pouvoir passer ! on était plein dedans, en contact direct avec les feuilles et les graines, le frottement contre la peau nous donnait une légère sensation de brûlure, Mais ça reste la meilleure partie du parcours ! J’aurai préféré laisser Oussema vous reporter ce passage de l'histoire, parce que moi j’étais un tout petit peu perdue ! disons que j'ai eu quelques heures de délire, une sorte d’état psychédélique ! mais je vais vous faire une transcription fidèle de ce que m’a raconté Oussama!

Alors, je commence par fredonner quelques chansons, normal, tranquille, je me rappel bien l'avoir fait, puis la situation à pris une autre tournure, en quelques minutes j'ai atteint le Nirvana, je psalmodie, je parle aux plantes, je parle aux arbres et aux pierres sur le chemin ! et bien sûr,je ne fredonnais plus, JE CHANTAIS comme sur scène ! et quand je dis que je chantais, je ne parle pas de chansons à texte ! loin de là ! bien que je me rappelle en avoir chanté quelques unes , mais là, je vous parle d’aller puiser dans mon répertoire des années 90! et apparemment j’ai clôturé le concert sur quelques comptines ! eh oui au beau milieu de cette montagne, j’ai chanté "diki diki" à haute voix !!!

Voilà Oussama je leur ai tout dit, tu n'as plus de quoi me faire du chantage !!!
Ah non! j ai oublié les vidéos !!! je suis toujours ouverte à la négociation tu sais !
J'avoue que quand j’ai vu les vidéos filmées par Oussama sur ces 10 km de parcours, j’ai ri aux larmes ! c’est qui cette tarée!!!
Vous l'avez surement deviné ! Ça ne peut être que l’euphorie de la course rien d’autre bien sûr !
Au bout de cette plantation, le paysage était juste grandiose! une magnifique rivière d'eau cristalline ! plus que 2 m de profondeur ! là je ne sais plus pourquoi mais j’ai directement pensé à camarade Nizar Gbibia !

Je me rappelle vous avoir posté une photo de cette chute d’eau sur le Groupe RCT, et je vous ai demandé si je devais ou pas me baigner !
Alors ; la réponse est "non". Je m’inquiétais trop pour la barrière des 45 km, alors j’ai laissé Oussama se baigner et j’ai repris ma course !
Aujourd'hui je regrette ne pas l'avoir fait !

Toujours sur la pente de 15 km ...
Je me rappelle avoir perdu ma bonne humeur juste en quittant la plantation, fatiguée, je commençais à avoir mal à la hanche et j’avais comme un clou planté entre les omoplates ! Mon eau dans le sac est devenue chaude, presque imbuvable ! ça va se compliquer !
Les pentes se succèdent et deviennent de plus en plus raides, la barrière des 45km devenait presque impossible à atteindre dans les temps, elle est où la grande pente ? oui je la veux cette pente je voulais en finir !

La montre de Oussama indiquait 43km la mienne 42km encore 2 ou 3 km avant la barrière, mais il ne nous restait que peu de temps ! un peu plus de 30 minutes ! ça fait 13 km qu’on monte sans la moindre descente en vue ! une pente trop exigeante de 15km !!! trop tard! foutu pour foutu! je n’ai même pas cherché à accélérer parce que tout simplement je n’avais plus la force pour ! je craque ! mon corps me lâche ! mais au moins j'ai réussi à pousser mon point de craquage au 43 eme km !
Motaz avait raison le craquage est inév... attends c'est quoi ça !!!!!
J’ai beau cherché les mots pour vous décrire ce que j’ai ressenti quand en prenant un virage de 90° j’ai aperçu une voiture, on dirait … une ambulance !!! c’est quoi ce délire !!!
"Oussama ! c’est quoi ça ! on est à quel km là !!! c’est le CP4 !!!!" il reste 15 minutes pour la barrière !!!! ça y est je le vois ! je leur criais de loin « est-ce le CP4 !!!! » est j’ai eu ma réponse
Oui !!!

Je vous jure que ce que j’ai ressenti ce moment-là est indescriptible, de toute ma vie je n’ai jamais pleuré de joie ! JAMAIS ! et là sur cette montagne j’ai versé mes premières larmes de joie !
Ils ont rajouté une barrière au 30 eme que j’ai raté de 30 minutes ! mais moi je m’en fou ! c’est celle-là ma barrière ! celle pour laquelle j’ai couru 5 fois par semaine ! le fractionné les réveils à 4h du matin, c’était pour cette barrière-là ! je me suis privée de mes amis, j’ai délaissé ma famille je me suis donnée à fond pour ça ! pour les 45 km! et je l’ai faite en 11h15 min ! j’ai réussi !

En quittant ce point de ravitaillement j’étais toute fraîche, j’ai repris des forces, on m’a changé mon eau chaude par une bien plus potable ! et c’est parti ! enfin un sentier légèrement en pente ! j’étais encore sur mon nuage quand j’ai vu Oussama quitter le sentier pour s’aventurer dans le décor ! un décor en pente de 45° « eh! tu vas où là ?! "
Et avant qu’il ait le temps de me répondre... je l’ai vu !!!
OH MON DIEU !!!
J’ai vu le balisage !!! Oui pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué !!!
Eh oui ce n’était pas le décor, c’était LA BONNE ROUTE … le parcours !!! ma joie fut de courte durée et j’ai vu mon rêve de finir à temps s’écrouler au pied de cette pente … elle est là, la plus grande monté du parcours presque 4 km d’escalade …
Tous les coureurs qui étaient derrière ont fini par abandonner ! on est maintenant les derniers !

A peine l’ascension commençait qu’on tombe sur un coureur en détresse et qui décide de monter sur le dos de la mule ! Ah tiens je ne vous ai pas parlé de la mule !
En fait puisque sur plusieurs segments, le parcours n’était pas accessible aux voitures, l’organisation utilisait une mule pour le ramassage des blessés !
nous étions donc; deux traileurs, «un cavalier », une mule et son maître !
Pour résumer cette partie de la course je dirai juste ; on montait on montait etc etc etc …
Enfin le denier km de la pente ! j’étais on ne peut plus dégoûtée ! Oussama a beau essayé de détende l’atmosphère, mais rien n'y fait !!! Je me demande comment il a pu résister à l’idée de me balancer du haut de cette ponte !!! moi-même je trouvais mon attitude abusée !!! Grincheuse irritable bref j’étais chiante voila je l'ai écrit...

On approchait du sommet ; le dernier km le pire de tous, on marchait à l’horizontal ! un effort interminable, un vrai travail de Sisyphe !
Ça y est, on y est 1750m d’altitude ! le point le plus haut du parcours ! aucune satisfaction ! pas de moment fort, rien ! j’avais juste besoin de repos… encore et encore …
Il commençait à faire nuit, alors on profite de la pause pour fixer nos lampes frontales. Maintenant à nous la descente ! cette descente j'en ai rêvé pendant des mois ! Une dernière descente de 11km, je pensais qu’on arrivant à ce niveau de la course je n’aurai qu’à me détendre et laisser la pesanteur faire tout le boulot mais…FAUX !

Je me suis retrouvée face à une descente en cascade, j'ai du lutter contre les rochets et pesanteur !!! je glissais à chaque pas ! comme si sol s’enroulait sous mes pieds! ma frontale n’éclairait que 3 ou 4 mètres devant, alors j’étais obligée de doubler de concentration, je m’efforçais à caler mes pas sur mes pensées; autant pour ne pas laisser la fatigue ralentir ma progression que pour rester concentrée et anticiper les obstacles à venir.
Je ne pouvais pas finir les 10km à ce rythme là ! je pouvais à peine marcher ! j’en ai marre ! à ce stade je ne ressentais plus rien de l’intérieur ! tout ce que je pouvais ressentir ce sont des douleurs insupportables, le dos les jambes et surtout les orteils, qui, vu l’inclinaison du sol, devaient supportaient tout mon poids ! ils ne vont pas résister ! d’ailleurs aujourd’hui, quatre semaines après la course j’ai encore un orteil mort ! insensible au touchée !

Sinon rien d’important sur ces 5 km, sauf le coup de fil de Motaz et Lamia ! on capte enfin ! j’étais soulagée de les savoir bien arrivés ! Motaz a bouclé sa course en 10h et quelques poussières, Lamia a fini sa course dans les temps ! fière de vous mes amours ! je vous adore !!!

On avançait avec à droite la montagne à gauche un ravin sans fond, tout est plongé dans le noir, aucune lumière à perte de vue ! on est bien au milieu de nulle part, bien loin de Chefchaouen !
Maintenant on est 3 coureurs! eh oui le cavalier de la mule, après avoir fait les 4 km de la pente la plus dure de la traversée au dos de la mule, décide sans aucun scrupule de reprendre la course comme si de rien n’était !!! un vrai esprit chevaleresque Camarade !

Une petite lumière ! le CP5 ?
Chapeau bas pour les organisateurs de cette course, un parcours extraordinaire, des bénévoles d'une gentillesse inouïe, qui à chaque point de ravitaillement, me prenaient mon sac pour me changeaient l'eau, ils veillaient à ce que la table de ravitaillement soit constamment bien garnie, ils nous aidaient à nous laver la tête, les mains, ils étaient aux petits soins pour tous les coureurs.
Big Up aussi pour le coureur qui a fait le balisage ! aucun risque de perdition avec un tel pointage! By the way c’est le vainqueur de la course qui à balisé le parcours ! celui qui a fini la course en 6h ! eh oui ! cette même course !
Merci aussi pour L'oncle Moustapha le maître de la mule qui nous a accompagné jusqu’à la fin malgré la difficulté du parcours !

Et voilà ! Vous n’êtes surement qu’une poignée de lecteurs à lire ces dernières lignes ! les autres, je les ai surement perdus quelque part entre les barrières horaires, les chutes d'eau et le cannabis et je les comprends parfaitement ! ce n’est pas évident de lire tous ces barbouillages ! alors merci d'avoir supporté mon anxiété, mon stresse, ma volubilité et mon délire et merci de m’avoir lu !
Chefchaouen le 01 septembre 2018
Le coup de 22h, Fin du temps officielle de la course !
Au même moment on arrive au CP 5, au 55 eme km encore 6km de la ligne d’arrivée, je m’écroule sur une chaise une banane à la main je devais l’éplucher pour la manger ! mais comment ! je me contente de la fixer, le regard dans vide!
Flottant entre deux mondes, j’entendais des bouts de discussions ! ils veulent nous arrêter ! "sérieux ! c’est quoi ce délire !!!"
« Il vous reste 6km et donc minium 2h de course ! » eh alors ! « Et c’est très risqué » comment ça risqué !?
Oussama négociait pour deux quand moi je flottais dans un autre monde ! pas un mot mais de l’intérieur une vraie guerre s’est déclenchée entre mon cerveau qui refusait d’abandonner et mon corps qui me suppliait de monter dans cette voiture !!!
Qui l’a remporté cette guerre ??
Ni l’un ni l’autre on a tous perdu ! j’ai échoué ! mais je vous jure que je n’ai pas abandonné !

Le verdict est tombé, on nous ramène en voiture !
C’est fini je suis officiellement éliminée, après touuuuut ce que j’ai vécu sur ces montagnes,
Après les pentes, le cannabis, les rochers, les descentes, la fatigue, la chaleur, les chansons, les fous rires, les larmes et les douleurs c’est elles qui gagnent …c'est la montagne qui l'emporte !
En écrivant ces lignes j’ai laissé échapper quelques larmes, alors que labas sur cette montagne, à la tombée du verdict je n’ai pas pu pleurer, pour autant j’en avais besoin !mais rien!
On nous installe dans le 4x4… eh oui ce même 4x4 celui que j'ai supplié de me ramener au 8 eme km ! je ne pleure pas; je dors d'un sommeil profond!
En arrivant à Chefchaouen AbdelKarim Mosta, le fondateur de cette course, était à notre accueil, Motaz et Lamia étaient là aussi, ce n’ai qu’entre les bras de mes amis que je me suis laissée aller... mes larmes coulaient en silence un vrai soulagement au goût amer !

Je ne pouvais pas refuser la médaille, ne serai-ce qu’en guise de souvenir de cette journée que je ne suis pas prête à oublier !
Voilà maintenant vous savez tout, ou presque ! Cette expérience je ne comptais pas l'écrire mais j'ai été profondément touchée par les messages que j’ai reçu de la part de mes amis qui tenaient vraiment à lire toute l'histoire ! ça m'a fait chaud au cœur ! Alors je l’ai faite pour eux, mais aussi pour moi, pour que je puisse la lire et la relire, pour pouvoir revivre ces magnifiques moments , alors merci de m’avoir encouragé à le faire et merci de l’avoir lu !

je ne peux pas clôturer ce texte sans remercier tous mes camarades pour le soutien et les encouragement mais permettez moi de citer quelques noms;
Mes Parents mes plus grands supporters, Merci pour votre soutient inconditionnel, merci d'avoir cru en moi et en mes rêves aussi fous les uns que les autres bien que je sais que ce n'est pas évident pour vous, qui voyaient en chacune de mes courses une vraie prise de risque pour votre "petite fille".
Nizar Gbibia et Skandar chahloul , merci de m'avoir parlé de cette course
Coach Yassine Ben Saad pour le magnifique programme de préparation taillé sur mesure pour la graine de runneuse que je suis; grâce auquel j'ai pu finir ma préparation sans aucune blessure!
Oussama Moslah pour ton encadrement mais surtout pour avoir sacrifié ta course et une victoire certaine en restent avec moi et pour avoir supporté mon humeur Mossad !
Lamia Grissa Manai pour tout ce que tu as fait pour moi et pour le team, pour les fous rires et les moments forts en émotion que nous avions vécu durant tout le voyage et sur la préparation !
Motaz Majri pour la joie que tu as toujours apporté au sein de notre groupe par ta bonne humeur et tes historiettes sucrées et aussi pour ton grand cœur ! bien que t'es toujours en retard !
"La Moutons Bande" vous êtes ma vraie récompense sur cette expérience :

Maha mamar et ses petits bouts de chou, Zenova le colonel et leurs petits monstres ! grâce à vous, j'ai pu survivre à cette préparation herculéenne, que vous avez su transformer en une vraie belle expérience ! je voulais des compagnons de running mais j'ai trouvé mieux ... des amis !
Shefia Hendeoui la personne que je n'ai jamais rencontré mais qui a cru en moi quand même moi je doutais de ma petite personne !
Merci à Rym, Seif , Daly, Abdou... je ne veux oublier personne !
Voila ! l’histoire d'un échec au gout de la victoire
keep running ...
Merci ma puce ah oui j'ai par moment couru pour nous deux on arrêtait pas de se demander oussema et moi "tu pense que mamie l'a fait" " pense que mamie a reconnu le cannabis" "tu pense qu"elle est arrivée "... on n'y peut rien on t'adore mamie <3 merci pour la lecture ce n'est pas envident qd mm !
Superbe recit sirina! J ai adore ta façon de decrire la course. tu m as fait rire et pleurer simultanement.ce que tu as vecu est extraordinaire.j ai revecu notre aventure a travers ma lecture.penser a moi pendant ta torture m a fait chaud au coeur j en suis tres emue .tu n as pas perdu la bataille ma belle au contraire tu l as gagnee en devenant plus forte.j ai adore les photos elles sont superbes!!je t adore ma belle et rappelle moi de proposer oussama au prix nobel car apres tout ce que tu lui as fait endurer pendant la course il ne t a pas poussee dans le precipice😂😂😂je vous adore😍😍😍