LA BRISEUSE DE CHAMPIONS !
- Graine de Runneuse
- 20 août 2019
- 17 min de lecture
Dernière mise à jour : 21 août 2019
Mon dieu … Ça fait longtemps…
j’ai peur d’avoir perdu la plume ! Mais si je n’écris plus, c’est parce que je ne cours plus et je déteste écrire pour ne rien dire ! moi ce que je veux ; c’est vous emmener sur mes courses aussi insignifiantes qu’elles soient, je me délecte de vous faire vivre ce que moi j’ai eu la chance ou le malheur de vivre, vous transmettre toutes les émotions, les craintes et les joies.
je déteste les articles fades que j’écris juste pour meubler mon blog, moi ce que j’aime; ce sont les vrais articles et par « vrai » je veux dire ceux qui couvent une confession, une mise à nue, l’écume de mes émotions et l’histoire d’une bataille vécue …
Et rares sont mes « vrais articles » …

Me revoilà, face à cette page blanche appétissante et ce minuscule curseur clignotant qui stimule mon appétit … L’hésitation… la confusion … et le manque d’inspiration, toute une panoplie de sentiments que je dois affronter à chaque fois que je m’installe devant mon clavier, le cœur alourdi de mots et la tête dans les nuages … non ! je ne m’en plains pas ! au contraire! c’est la définition même du bonheur… c’est en fait un bon signe ! je sais que ce n’est qu’une question de minutes, avant que mes doigts ne se mettent à pianoter, imprimant toutes ces images imbibées d’émotions et peu importe le temps que cela va me prendre, je sais que je serai satisfaite du résultat et comme à chaque fois vos réactions et commentaires viendront confirmer ma satisfaction… C’est ce qui fait mon bonheur, parce que chaque idée que j’écris et chaque expression, me font penser à l’un d’entre vous et au fil des histoires j’ai appris à vous connaitre et à prédire vos rections face à mes mots …
Mais pas cette fois … Cette fois c’est différent …
Pour une fois ; Je ne suis ni hésitante ni confuse et je ne manque pas d’inspiration non plus… cette fois, en essayant d’écrire, j’ai fait face à une toute nouvelle sensation …
LA PEUR … j’ai eu peur de vous décevoir…de me décevoir… d’accord ! j’ai pas envie de Les décevoir eux… encore une fois…
Navrée mais je n’ai pas de course à vous raconter … je n’ai ni accomplissement ni échec à vous faire vivre, cette fois je vais vous parler de la chance … je vais vous raconter une histoire …
Mince alors ! Cela fait un moment que je râle sans rien dire de vraiment lucide… et vous, captivés par le titre, vous continuez à lire en quête d’une réponse, une explication, pourquoi et comment me suis-je transformée en briseuse de champions ?
On y est … Presque …

Juste une dernière parenthèse, j’aimerais revenir sur ma dernière folie, pour que ceux qui viennent de nous rejoindre puissent nous suivre, je serai rapide je vous le promets ;
Alors en deux mots ; en mois de septembre 2018 j’ai raté la ligne d’arrivée de mon premier ultra Trail, une course de 61km 3600D+ au Maroc, où on m’avait mis hors circuit au 55km, à 6km de la ligne d’arrivée, pour dépassement de la barrière horaire … une très longue histoire que je vous invite à revivre à travers mon récit « MON PREMIER ULTRA TRAIL » l’un de mes rares vrais articles.
Voilà ! maintenant on peut commencer…
En fait ce que vous devez savoir c’est que cet échec je ne l’ai pas vécu seule ; j’y ai embringué mon meilleur ami, mon compagnon de route ; le grand champion Oussama Moslah ; bon il ne faut pas trop s’emballer ! il n’est pas aussi champion que ça ! il est juste ; deux fois centbornard et 3 fois marathonien dont une dernière en 3h7min ! est-ce que ça fait de lui un champion ?! ok ! ok ! c’en est un … un champion aussi bien par ses exploits que par son grand cœur…

Je me rappelle vaguement les circonstances notre première rencontre Oussama et moi, mais je sais que depuis le jour où il a pris place dans ma vie, il n'a pas cessé d’être ce bon ami qui est constamment présent par sa générosité sa disponibilité et sa gentillesse inégalée, un des nombreux cadeaux que m’a apporté le Running Club Tunis, une amitié qui s’est tissée petit à petit avec des hauts et des bas, qui ont fait qu’elle soit aussi solide qu’elle l’est aujourd’hui.

A l’époque il préparait son deuxième Trail de 100km et moi mes premiers 61km, il m’a assisté sur toute la préparation, il a été à la fois le coach et l’ami, il m’a apporté tout le soutien dont j’avais besoin Je ne me rappelle pas comment, mais à un mois de notre départ au Maroc ; Mamie et Motaz et moi, Oussama a décidé de nous rejoindre sur cette aventure...
Non, il ne partait pas faire le Trail, il partait le faire avec moi ...et ce n’est pas du tout la même chose !
En choisissant de courir à mes côtés, Oussama a dû sacrifier sa course, une course qu’il aurait pu finir dans les temps voir même avec un chrono respectable ! Mais lui, il a préféré de son plein gré - je précise - il a préféré courir avec moi !

Mon dieu, cela fait quoi maintenant ? 10 mois ? et j’en parle toujours les larmes aux yeux, ça a été un vrai moment de plaisir une expérience homérique … Partager ces 16h, perchés entre les montagnes au milieu de nulle part, sillonnant les champs de cannabis et langeant les magnifiques rivières, ça nous a appris à mieux nous connaitre… j’en sors avec un bon paquet de souvenirs et le cœur débordant de reconnaissance et de gratitude, je ne saurai jamais lui rendre la pareille !

Ce qu’il a fait pour moi le long de ses 55km parcourus et juste chevalesque. Parce que là-haut, sur les hauteurs des montagnes du RIF, la drogue, la pression, le stresse, le plaisir et l’effort m’ont transformé, ils ont fait sortir tous les démons qui somnolaient en moi et j’ai eu droit à toutes les « Sirine » à la fois ! la grincheuse, la pleurnicheuse, la joyeuse, la désespérée, la fière, la méchante, la nerveuse, la sympathique et la chiante… et vous savez quoi, cette dernière a été de loin la plus présente.
Durant cette métamorphose, Oussama ne s’est pas laissé démonter, il a été là pour moi, il m’a rassuré, il m’a boosté, il m’a soutenu mais en aucun moment il ne m’a abandonné, ni heurté ma sensibilité malgré les supplices que je lui avais fait vivre ! un soutien désintéressé et une attitude magnanime de la part d’un grand homme… un champion…

Rares sont ceux qui peuvent reconnaître ce sacrifice à sa vraie valeur ! laisser filer une médaille qu’on est allé chercher à des milliers de km de chez soi, juste pour aider une amie à réaliser son objectif, un objectif presque impossible à réaliser pour la graine de runneuse que je suis, mais lui, il a cru en moi et il a voulu me voir franchir cette ligne d’arrivée, en contrepartie moi j’ai échoué ! je l’ai déçu… Je n’arrive pas à oublier sa tête à la tombée du verdict, au moment où on nous a annoncé notre mise hors course … notre élimination…la fin … il m’a fui, il n’a pas voulu me parler ! je pensais qu’il m’en voulait, mais en réalité il s’en voulait à lui-même… il se reprochait mon échec, oubliant que c’est uniquement grâce à lui que j’ai pu faire les 55km ! et que sans lui je me serais arrêtée au 7 eme km...
Alors ces gens qui ont parlé et râlé, je ne peux que vous comprendre parce vous n’avez jamais eu la chance d’avoir un tel ami ! un ami qui se sacrifie pour vous pour vous faire plaisir ...Mais moi si … J’ai de la chance …
Et Oussama fut le premier champion que j’ai brisé ! Ma première victime consentante …
Un mois plus tard …
Mais avant de continuer … Je sais que je ne suis qu’une piètre barbouilleuse et que je risque de vous embrouiller l’esprit… je sais aussi que vous galérez pour arriver à suivre mes palabres, mais je suis obligée de m’arrêter un moment pour vous demander de faire un choix, si vous comptez aller plus loin dans votre lecture, vous allez devoir tout lire jusqu’à la fin … c’est très important ! Alors à vous de voir …
Vous êtes toujours là ?!! vous êtes surs !? ok … assumez hhhh !
Continuons !
Déjà un mois depuis mon retour du Maroc, j’ai su aller de l’avant et mon échec était bien loin derrière moi, j’en ai même pu trouver le courage de raconter mon aventure et de tout vous révéler dans un récit long comme le bras MON PREMIER ULTRA TRAIL ? Mais en fait… je ne vous ai pas tout dit ! il y a tout de même un détail que j’ai préféré garder pour moi, un sentiment que j’ai tout fait pour étouffer… le sentiment de la honte… Ma honte … oui j’avais honte d’affronter mes amis et mes camarades… c’est facile de vous en parler derrière mon écran, mais je n’étais pas sûre de pouvoir faire face à vos regards et à vos jugements, c’est ce que je redoutais le plus !

Et nous y voilà un mois plus tard , le jour du Run In Carthage (RIC 2018),mon sentiment de honte a fait que j’ai beaucoup hésité avant de m’y inscrire … Mais voyons ! on ne rate jamais un RIC ! c’est la tradition !
Et vous savez quoi ? J’avais tout faux !

A ma grande surprise tout le monde était aimable et au lieu de me parler de l’échec de ma course, ils me félicitaient et ne tarissaient pas d’éloges au sujet de mon article ! c’est l’une des magies fascinantes de notre petite communauté ! Et toute cette honte s’est transformée en fierté ! oui j’étais fière de savoir que les gens prennent le temps de me lire !!!
"J'ai de la chance de vous avoir mes camarades ! le running c’est avant tout un état d’esprit …"

Ce jour-là j’ai fait une magnifique course, ma première arrivée avec Mamie, un bon chrono et de belles retrouvailles, tout été parfait ! J’étais sur mon nuage… jusqu’à ce qu’une personne que je ne connaissais pas et que je voyais pour la première fois, vint à ma rencontre ! et avant même que j’eus le temps d’ouvrir ma gueule, elle m’est littéralement rentrée dedans !
Je cite :
« Expliquez-moi comment est-ce que Oussama a pu rater son trail au Maroc !!!! t’es qui toi -en m’adressant directement la parole- t’es qui toi pour qu’il te fasse offrande d’un tel sacrifice ! au nom de l’amitié ? foutaise !!! ça n’a pas de sens … dis-moi t’es qui bon sang…c’est ta copine ? ta femme ? ... »
ça a continué pendant un bon moment, sous le regard impuissant de mes amis et du mien … J’étais sidérée, je n’ai pas pu articuler ! j’ai essayé d’en placer une, mais NO WAY ! elle a continué à nous bombarder de questions toutes rhétoriques !!! je regardais Zinouba et Oussama, les implorant du regard pour qu’ils fassent quelque chose, mais ils étaient aussi impuissants que je ne l’étais moi-même !
Nom de dieu c’est qui cette dame ?!
Ah en fait … Zinouba voulait me présenter une amie à elle, qui a lu mon article et qui voulait me rencontrer … et voilà que c’est fait !
j'avoue que derrière l'envie de lui en coller une et pardessus la rage et la fureur qui me rangeaient, j’avais eu un soupçon d’admiration pour cette personne, une admiration que je ne saurais expliquer, mais j’admets qu’il faut beaucoup de courage et d’audace pour dire en face et à haute voix ce que tous les autres disaient en cachette, il faut être confiant, direct, franc, honnête, insensible aux jugements et assumer ses mots … Il faut tout simplement être Mouna Kortas !

Elle ne le savait pas encore, mais dans exactement cinq mois à compter du RIC, cette Mouna Kortas, celle qui m’a dézinguer devant tout le monde et qui a reproché à Oussama d’avoir rater sa course pour moi, se verra elle aussi, faire le même sacrifice … je vous l’avais déjà dit … j’ai de la chance !
Beaucoup de chance …
Alors voilà, un plan divin a fait de nous de bonnes amies et derrière cette franchise désarmante et cette façade impulsive, j’ai découverts un cœur de fraise qu’elle cache soigneusement, une personne mécène, d’une générosité rarissime, le genre d'amis qui se donne à fond vraiment à fond! et qui nous font baisser nos gardes et aux quelles on s’ouvre facilement, je ne sais pas comment elle fait, mais ça a marché ! … Bref, c’est peut-être la copie féminine de Oussama.

Assez parler d'eux deux ! c'est mon blog pas le leur !!! Alors parlons un peu de moi !
Après un RIC réussi, j’avais besoin d’un nouvel objectif, alors pourquoi pas faire un semi-marathon en 2h, il était vraiment temps de se débarrasser de la malédiction des 2h30 ! je m'approche de mes trois ans de running et je n’arrive toujours pas à maintenir une amélioration constante !
Je n’avais pas trop le choix, si je veux un semi-marathon roulant avec un parcours sympathique, ça sera, soit le semi-marathon international de Nabeul, soit les foulées du Mégara … Euuu... j’organise le semi de Nabeul... alors ça sera Mégara.
Encore 8 semaines avant Mégara, j’aurai pu commençais la préparation et réaliser mon objectif, mais ma vraie vie m’avait débusqué en prenant une mauvaise tournure, j’ai dû donc mettre ma vie de runneuse et mon adjectif de côté et pas que ! j’ai carrément arrêté de courir pendant des semaines ... j’ai galéré…
Mon dieu …si seulement le monde se résumait au running … personne n’a besoin d’une vraie vie ! ah si ! on en a besoin pour financer nos courses !!!
Bref, un semi-marathon en 2h on oublie … pourtant j’y tenais vraiment j’étais motivée et prête à me lancer … mais pas de chance … Jusqu’au jour où j’ai révélé mon objectif mort-né à Mouna, je ne faisais qu’en parler et nous étions déjà à 6 semaines des Foulées du Mégara, soyons réalistes; on ne gagne pas 30 minutes en 6 semaines !
« Mais si !!! tu peux le faire !!! » eh oui … ça a été sa première réaction, elle m’a pris de court, moi qui s’attendais à un discours de réconfort, je n’ai pas su quoi dire !

Et elle ne s’est pas arrêtée là, elle m’a proposé de m’aider à le faire et de me concocter un programme sur mesure ! elle était même prête à venir sur Tunis pour m’accompagner sur les sorties longues !!! rien que ses paroles m’ont fait rêver, mais pas question d'accepter ! Je savais qu’elle préparait son marathon de la saison et qu’elle n’a pas besoin de traîner une petite runneuse qui ne fera qu’entraver sa préparation … c’est ce que je me disais et je me devais de refuser son offre hyper généreuse ! je lui ai expliqué que je me suis déjà faite à l’idée de reporter mon objectif et que ça ne valait pas le coup de rajouter cette responsabilité à sa préparation, mais il s’est avéré qu’elle ne parlait pas uniquement de préparation!
« Je le ferai avec toi » …
Sa décision était prise, et rien de ce que je pouvais dire ne lui fera changer d’avis ! cette course on va la courir à deux moi et « La Runneuse la plus rapide en Tunisie » ! Est-ce que j’exagère ?! oui… mais elle l’est pour moi !
Alors, devinez à quoi j'ai pensé ? Bof !quelle question !! bien sûr que j’ai repensé à la première apparition de Mouna dans ma vie, quelques mois plutôt et à la scène qu’elle avait faite à Oussama et à moi au RIC 2018 !!! et la voilà aujourd’hui sur le point de sacrifier sa course pour moi !
j'y suis pour rien, j’ai une belle emprise sur les gens !!! je plaisante, je suis chiante ! mais en fait j’ai de la chance, le bon dieu m'a parsemé le chemin de magnifiques personnes et c’est tout …
J’ai suivi son programme à la lettre, tout ce que je voulais c’était d’être à la hauteur de son sacrifice ! Alors j’ai bossé dur, j’ai changé d’hygiène de vie et j’ai adoré le faire…
Je voyais mon succès dans ses réactions, et au fil des séances j’ai commencé à viser plus ses réactions que mon allure, les jours ou ça n’allait pas fort pour moi elle était là ! et les jours ou ça n’allait pas fort pour elle, j’étais là moi aussi à me tuer à la tâche, pour reussir mes séances et lui donner ne serait-ce qu’une raison de sourire et ça a marché !
Notre travail a très vite donné ses fruits, j’ai enchaîné les records chrono, je me suis mise à boire assez d'eau et j’ai même repris les entraînements en salle ! et j’ai enfin fait mes premiers 5km en moins de 30 min ! En à peine trois semaines, elle a réussi là où tous les autres ont échoué ... j'ai changé...
Jusqu’à ce que je gâche tout …
Après 3 semaines d’entrainement j’ai vu paraître un début de blessure, rien de grave et Mouna a su gérer parfaitement ! mais par ma faute, j'ai perdue toutes mes chances de rétablissement, en faisant le semi-marathon de Mdjez El Beb, malgré les avertissements de Mouna, je me suis entêtée et elle a fini par céder !
On finit toujours par regretter la course de trop…
Et je rentre de Mjez beb estropiée … du déjà vu, du déjà trop vu …
Mais cette fois ce n’est pas uniquement mon travail que je gâche, c’est le travail de Mouna, ses efforts, son engagement, sa course …
Le verdict du kiné est tombé … une inflammation du tendon rotulien, c’est fini … mon rêve, son rêve, notre challenge prend fin … bien sûr que j’étais déçue! mais j’avais plus honte de moi, j’ai beaucoup hésité à le lui dire … je ne savais pas à quelle réaction je devais m’attendre et j’avais toutes les raisons d’hésiter …elle a été vraiment déçue… elle a beaucoup sacrifié pour moi et voilà comment je me suis débrouillée pour la remercier ; j'ai gâché son petit projet… je ne trouve pas les mots pour vous décrire cet horrible moment quand j’ai décelé pour la première fois sa déception … je ne savais pas que ça comptait autant pour elle , je pensais être la seule à planer à l’idée de franchir la ligne d’arrivée à ses côtés, mais j’avais tort . elle aussi elle avait le droit de voir le résultat de son travail et l’aboutissement de ses efforts…

Ça m’a été insupportable de lire toute cette déception dans ces mots… alors foutu pour foutu ! j’ai décidé de ne pas céder, elle m’a beaucoup soutenue aussi bien dans la vraie vie que sur ma préparation ! alors c’était à moi d’agir cette fois…
J’étais prête à reprendre l'entrainement pardessus mes douleurs… sur le coups, j’avais plus mal pour elle que pour mon genoux…et on a repris … Mais je n'ai pas pu aller plus loin et il été temps de la libérer de son engagement…
J’ai continué ma rééducation je ne pouvais plus courir, alors pour moi comme pour elle, l'histoire est loin derrière nous…
Mouna, je ne te l’ai peut-être pas dit, mais ça a été dure pour moi de jouer la compréhensive, parce qu’au plus profond de mon âme je la voulais cette course à deux !
j’espérais malgré tout que tu te décide à la faire avec moi, je sais je suis égoïste, mais c’est plus fort que moi ... et puisque je ne pouvais pas te le demander, j’ai préféré refouler cette envie…surtout après ta petite blessure, la décision de ton coach était limpide... pas de semi!
C’est drôle comme l’être humain peut être complexe des fois … un jour tu m’es inconnue et le jour d’après tu gis au plus profond de mon cœur ! je ne sais pas pour vous mais moi je n’ai jamais su résister à l’attention, moi mon bonheur vient de l'attention prêtée aux petits détails de ma vie, l'attention des gens qui m’écoutent et qui n’hésitent pas à me faire offrande de leur temps … d’ailleurs je trouve que le temps, c'est ce qu’on a de plus précieux à offrir ! tout est récupérable mais pas le temps ... ce qui fait de l’attention un plaisir ultime.
Et Mouna m’en a donné du temps … beaucoup de temps !

En dépit de sa blessure,de ses douleurs et des instructions de son coach elle l'a faite avec moi cette course!
Je ne saurais vous décrire ma joie quand elle me l'a annoncé, mais je ne saurais non plus vous décrire le poids de cette décision… je devais refuser ...mais j’en avais trop envie !!! J’ai accepté sans dire un mot …
La seule chose qui m’a rassuré, c’était de savoir qu’elle va faire les 21km en alternant entre vélo et course à pied . Je sais je me suis comportée en égoïste…
Vous comprenez maintenant pourquoi je vous ai demandé de tout lire ! Je tenais à vous transmettre les faits exacts, mais je ne voulais surtout pas que vous la jugiez avant de lire toute l’histoire.
Quand quelqu’un vous dit vouloir courir avec vous !!! vous pensez à une simple course à deux... genre courir ensemble c'est tout ! mais pas quand il s'agit de Mouna Kortas !!! si seulement je pouvais vous reporter ce qui s'est passer sur ce semi-marathon !!! J'ai toujours été douée quand il s'agit de raconter mes courses, mais pas cette fois !!! il n’y a pas de mots justes qui puissent décrire ce que j'ai vécu sur les 2h30 … oui on a fini en 2h30 !

Pour moi, la course importait peu ! j’avais trop peur pour elle, je ne pensais qu’à ses blessures… Pour Mouna, il n'y avait que ma course qui compte, elle contrôlait mon allure, mes foulées,ma respiration... rien ne lui échappait vraiment rien !
Approchant des 5 premiers Km, je l’ai vu accélérer, j’ai pensé que ça la fatigue de courir à mon allure et qu'elle avait peut-être besoin de se dégourdir les jambes ou je sais pas quoi ! Ce n’est qu’en la voyant revenir vers moi, un verre d’eau à la main, que j’ai deviné le truc ! Ça ne peut pas être ça courir à deux ! qui suis-je pour mériter tout ça ...
Et tout le long de la course, elle a assuré, elle me ravitaillait, me rafraîchissait, m'encourageait,me soutenait... Petite anecdote ! à un moment elle est allée emprunter la gourde d'une runneuse au beau milieu de la course, juste pour me refroidir la tête !!!mon dieu ! cette runneuse doit surement me détester d'ailleurs je profite pour à la remercier du fond du cœur cette runneuse, et j’espère qu'elle me lira et qu'elle se reconnaîtra...
Et Mouna donc? Non pas de « merci » pour elle … je ne l’ai pas remercié ! j'ai pas pu le faire ! c’est trop petit ce mot… alors je cours et je ferme ma gueule !
On est pas passée inaperçues, tout le monde connait Mouna ! mais personne ne l’avait déjà vu courir dans la foule ! alors place aux « pourquoi » et aux « comment » ... beaucoup trop même ! je me rappelle avoir entendu un coureur lui demander de me laisser courir toute seule! elle était tellement concentrée sur ma course, que ça ne semblait pas la gêner ... mais moi si !
Plus on avançait plus je réalise le privilège au quel j’ai eu droit et plus ma culpabilité s’amplifiait, Je ne pouvais pas continuer comme ça ! alors j’ai exigé qu’elle monte à vélo autrement j’arrête la course ! oui je suis allée jusqu’à la menacer pour qu’elle accepte enfin de prendre une pause vélo!
Alors, rassurée, j’ai avancé toute seule sur quelques centaines de mètres la foulée dégingandé et le corps tellement fatigué que j’ai trébuché ! je suis tombée et je n'ai pas pu me relever ! Heureusement qu'une coureuse et venue m’aider ! Et cette coureuse n’était autre que MOUNA ! en fait, elle n'a pas pris le vélo ! elle est restée courir à quelques mètres derniers moi ! Entre ma colère et mes émotions, j’ai préféré encore une fois fermer ma gueule…

J’avoue qu'au bout d'une paire d’heures de course ,j’ai pensé à abandonner ! mais son enthousiasme et sa joie m’en ont empêché ! elle était toute excitée, je l’ai même vu danser sur la course ! et j’ai assez merdé jusque-là, alors pas question de la laisser tomber ! cours et tais-toi ! encore !!?

Prise par la fatigue, je savais que mes démons ne vont pas tarder à prendre le dessus, mais pas question de les laisser faire leurs numéros à Mouna ! malheureusement, à 500m de la ligne d'arrivée ! camarade Yassine Fatnassi et camarade Chakib sont venus nous retrouver, j’étais en pleine guerre avec mes démons , toute pale, la mine renfrognée, alors au lieu de les remercier, j’ai laissé échapper un bébé démon, un tout petit qui m’a valu des excuses le lendemain de la course ! je m'excuse encore les amis vous êtes magnifiques !
Et voilà, j'aurais aimé pourvoir vous dire qu'on a réussi notre challenge, et qu'au moins j'ai rompu la malédiction des 2h30 mais non ... j'ai fini en 2h30... heureuse… fatiguée et épuisée, mais heureuse ! on a franchi la ligne d’arrivée... ensemble jusqu'au bout . Et ce n’est qu’en reprenant mes esprits que j'ai réalisé qu'en fin de compte, le chrono importe peu, la distance importe peu ! c’est partager ce moment avec une vraie amie qui est le plus important !
Et voilà, Mouna fut ma deuxième victime consentante

En l'espace d'une année, J’ai perdu deux défis de taille, mais j’ai gagné deux amis pour la vie…
Oussama et Mouna, je ne suis pas douée pour les remerciements, alors si j'ai autant râlé c'est pour éviter de dire MERCI ! MERCI 5 petites lettres, un si petit mot sans valeur face à ce que vous avez fait pour moi ! alors voila mes 25000 lettres (chiffre exact) de reconnaissance, de gratitude, d'amour et de remerciement... je sais que je ne saurai jamais vous rendre la pareille et qu’il n’y a pas de mots pour décrire ma gratitude envers vous deux, mais sachez que ce que vous avez fait pour moi, l’un comme l’autre, je le porterai à jamais bien caché dans un coins au fond de mon cœur pour le sortir à chaque fois que la vie me donne une raison de perdre foi en l’amitié…
Une dernière chose Avant de finir :
Oussama, espèce d’ingénieur, je te promets qu’un jour je vais faire un ultra Trail avec toi, un ultra où tu n’auras pas à m’attendre ni à sacrifier ta médaille pour moi !
Mouna, petit biscuit, je te promets que la prochaine ligne d’arrivée qu’on franchira ensemble, sera celle d’un marathon, où tu n’auras pas à me bichonner et à te soucier de mes problèmes de respirations ! bon bichonne moi un tout petit peu quand même...
Je n’ai pas précisé de dates, mais ce sont deux promesses que je vais honorer !
Je vous aime plus que l'harissa !
Et vous chers lecteurs ! Si vous désirez être ma prochaine victime consentante, merci de me contacter inbox !
Vive le sport Vive l'amitié !
Merci mon ami de m'avoir lu ❤ votre réaction est un signe de noblesse merci vraiment
L un de votre passage ma fait les larmes aux yeux.........