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MON PREMIER MARATHON

  • Photo du rédacteur: Graine de Runneuse
    Graine de Runneuse
  • 16 janv. 2018
  • 23 min de lecture

Dernière mise à jour : 22 mars 2018



Je ne savais pas que c’était impossible ... Alors je l'ai faite!

Voila "Le journal d'une future marathonienne raconté par une marathonienne"

Je n’ai jamais eu de difficultés à raconter mes expériences sportives, tout en courant ; j’observe, je mémorise et je prends des photos, petit à petit, dans ma tête, le texte commence à prendre forme et en franchissant la ligne d’arrivée, il ne me reste plus grand-chose à faire, quelques mises au point et Up ! dans la boite !


Cette fois c’est différent, Je ne savais pas comment m’y prendre; dois-je commencer à écrire au fur et à mesure que les choses avancent? ou dois-je attendre la fin de cette expérience pour imprimer mon vécu ?

Je pensais avoir le choix, alors afin de ne rien rater, j’ai commencé la rédaction en temps réel, dès le premier jour de la préparation… et deux semaines plus-tard … tout ce que j’avais, c’était un document Word intitulé « Journal d’une future marathonienne » … vide !

On dit que jamais les idées ne manquent aux mots ; ce sont plutôt les mots qui manquent aux idées. Effectivement, ma tête grouillait d’idées, mais je ne trouvais pas les mots adéquats et assez fidèles pour transcrire toutes ces idées ! j’avais peut-être besoin d’un échec ou d’une réussite, pour orienter mes idées.

Alors j’ai décidé d’attendre !



Aujourd’hui, 2 jours après le Marathon, malgré un état de fatigue très avancé, je me mets à mon clavier, Je ne sais toujours pas par où commencer, les sentiments se mêlent et les idées se chevauchent, mais cette fois, j’ai hâte de tout vous raconter ; préparation … obstacles et défis… je vais vous faire détester le marathon !!! Je vais vous donner très envie de le faire !!! je vais vous parler de ce mythe et dissiper une partie du mystère qui l’a toujours entouré ! Oui je l’ai affronté, je lui ai fait face ! alors j’ai gagné le droit de révéler certains de ses secrets, Car ce qui est utile ne doit point demeurer secret !!!


Permettez-moi de préciser que ce que vous vous apprêtez à lire, n’est ni un article sportif ni un texte d’auteur, en fait, je ne fais que parler de ma petite expérience, alors je laisse tomber le coté technique et les détails ennuyeux, bien que très importants ! je ne vais pas évaluer cet événement je vais juste raconter l’histoire comme je l’ai vécu et ça sera quand même long !


LA PRISE DE DÉCISION:


Après tous ces défis et toutes ces compétitions, je dois absolument revoir ma stratégie de prise de décisions ! Je trouve que je passe mon temps à hésiter entre «faire» et «ne pas faire » et je fini toujours par tout faire ! Ceux qui on déjà lu mes articles peuvent vous le confirmer!

Alors, revenons quelques semaines en arrière ;

Le mois d’aout 2017, un projet COMAR commence à prendre forme au sein du RCT et pour une fois je me comporte en sage petite runneuse et je ne me laisse pas emporter par la vague COMAR, parce qu’au fond de moi je savais que je n’étais pas prête pour un Marathon…

Mon meilleur chrono sur un semi-marathon est 2h20 que j’ai faite à Monastir et j’ai frôlé la syncope en franchissant la ligne d’arrivée ! Alors, moi faire un marathon ?! pas question !! Bon, j’aurai adoré vous faire un tout petit peu mariner, mais à quoi bon ! vous savez tous que je l’ai faite ! mais ce que vous ignorez c’est ; comment et pourquoi !


Pour une fois « la folle en moi » n’y était pour rien, pour sa défense je dirai qu’elle a été provoquée ! On est venu la chercher ! Pour des mesures de confidentialité, je ne vais pas citer de noms ! on va juste les appeler « le gentil couple Chahloul » et « le brave Seifeddine» !!! Ce trio avait un argument de tailles et je dois avouer qu’ils ne disaient pas faux ! En fait voila l’idée, 80% des membres du COMAR-TEAM 2017, font partie du premier noyau du RCT, Les premiers membres ayant rejoint les fondateurs du club dans cette aventure et je suis on peut plus fière de faire partie de ce noyau, on a commencé ensemble, on a évolué ensemble ; la première sortie… la première compétition… le premier semi-marathon … Mais ça ne veut quand même pas dire qu’on est tous prêts pour un marathon ! Un marathon ça ne s’improvise pas ! Et même s’ils n’ont pas pu me convaincre, ils ont, en quelque sorte, réveillé « la folle en moi » et semé ce petit grain de doute dans ma tête, enfin pourquoi pas ?

Test VMA Du COMAR TEAM ... Sans moi

Le temps passe et mes camarades étaient déjà à la 4 eme semaine de pré-préparation et malgré cette petite voix dans ma tête, j’étais loin de craquer. Je ne voulais les rejoindre pour devenir le maillon faible du Team ? Mais,après qu’ils aient fait le test VMA et en voyant leurs résultats, j’ai réalisé que même avec mon VMA 2016 jetais plutôt bien placée.

Alors, après moult hésitation, une dizaine d’articles et de documentaires et après avoir consulté mes camarades les plus expérimentés, je me suis sentie appelée par ce Marathon ! j’avais juste besoin d’un dernier coup de pouce qui m’est venu de la magnifique Mariem ben Smida ! elle a vu en moi ce que la peur m’empêchait de voir !

LE COMAR TEAM à quelques minutes du départ


Aujourd’hui je remercie aussi bien ceux qui m’ont poussé dans cette aventure que ceux qui ont failli me décourager, en fait, les premiers, par leur optimisme m’ont poussé à croire en moi et les deuxièmes, par leurs réactions incrédules et sceptiques, m’ont fait réaliser l’ampleur de ce défi, que je n’ai en aucun moment pris à la légère.

Leçon N°1 : Si à un moment vous vous trouvez sur le point de prendre une décision sage ! tournez-vous vers vos amis, ils sauront vous faire revenir sur le chemin de la folie !

Décision prise ! dans exactement 3 mois à compter du 1er septembre 2017, je serai sur la ligne de départ de Mon premier Marathon ! Le Marathon de LA COMAR 2017.

LA PRÉPARATION :

J’ai pris contact avec le Coach Wassim qui, après m’avoir expliqué les règles du jeu, m’a envoyé le programme et franchement quel PROGRAMME !!! je le parcoure en diagonale et la première pensée qui m’est venue à l’éprit… bon sang ! ce programme va chambouler ma vie!

LAC TEAM encore et encore


Nous étions à un mois de la première compétition de la saison, Le RUN IN CARTHAGE (RIC) et je ne voulais pas me séparer de mes camarades du LAC-TEAM au beau milieu du programme de réparation pour le RIC, alors, avec l’aide du coach Skander, j’ai apporté quelques modifications au programme COMAR afin que je puisse continuer à courir avec le LAC-TEAM, Coach Wassim était d’accord à condition de rejoindre le COMAR Team juste après RIC.

Mes Amours LAC TEAM


Ainsi, j’ai commencé la préparation toute seule, les séances en semaine(EF et Frac) avec Le LAC-TEAM et les sorties longues en solo à Nabeul. J’avoue que ça n’a pas été évident, surtout pour les sorties longues, à part l’ennui, mon plus grand problème était les arrêts, ou ce que j’ai appelé les « Micro-arrêts ». En fait, sur une sortie de 1h30, il me fallait 5 micro-arrêts pour reprendre mon souffle. Je flippais à l’idée de devoir m’arrêter et manquer mon peloton le jour du marathon ! ces « micro-arrêts » devaient disparaître !


Analyse d'une de mes sorties longues en solo à Nabeul


J’ai appliqué le programme à la lettre, j’ai suivi les consignes du coach Wassim et du grand coach Skander, le glaçage et les étirements rythmaient mon quotidien, j’ai même commencé à contrôler mon alimentation !

Une sortie longue à Nabeul avec Slim et Haythem (14km)


Heureusement pour moi, l’effort trouve toujours sa récompense ! pendant les premières semaines, J’ai enchaîné les records personnels de distances et de chronos… Premiers 23km, que j’ai faite le jour du RIC… premiers 26 km sur le semi-marathon de NOURANE… encore une fois 23km avec un meilleur chrono ! mon allure moyenne s’est nettement améliorée et les « micro-arrêts » ont presque disparu …

Je travaillais dur en semaine pour pouvoir me surpasser sur ma sortie longue du w.end ! Au fil des séances, je sens que mon mental se forge et ce marathon, j’y crois de plus en plus.


Mon arrivée sur le semi-marathon de Nourane après 26km

Lesson N°2 : La plus grande motivation sur une préparation c’est de se voir progresser !

Je n’ai rien laissé au Hasard, alors c’est fini !plus le vélo (bien que le vélo n’est pas contre indiqué), plus de tennis, plus de sorties en sentier, j’ai même arrêté de porter des chaussures à talons ! Je vivais en faisant Attention, mais il a suffi d’un SEUL moment d’inattention pour que ça tourne mal !


C’était lors de la première sortie EF de la septième semaine, un lundi, il faisait noir et bien qu’équipée de ma frontale, en une fraction de seconde d’inattention, je trébuche et je tombe… mon bras droit a encaissé toute la chute, la douleur était insupportable, mais pas question d’interrompre ma sortie ! je me suis relevée et j’ai fini les quelques minutes de course prévues au programme ! Une douleur à 9 sur une échelle de 10, les genoux en sang, un coude bien amoché et un bras engourdi… au fond de moi je savais que c’était mal !



Leçon N°3 : Quand tout va bien, tout va de travers !

Après avoir consulter mon cher kiné et deux chirurgiens orthopédistes, verdict; épanchement au niveau du coude droit et 21 jours de repos, le bras en écharpe ! je vous laisse imaginer l’impact sur ma préparation, si on pouvait toujours parler de préparation !

Mon premier message au coach Wassim « c’est fini ma préparation s’arrête là… ». J’ai vu mon rêve se volatiliser ! Mais Wassim ne s’est pas laissé démonter, pour lui, ce n’est pas un bras en vrac qui va me priver de mon rêve ! pour lui cette chute n’était qu’une épreuve sur le chemin de la gloire, un obstacle et les obstacles sont faits pour être surmontés. Il m’a accordé une semaine de repos et en collaboration avec mon cher kiné, il a adapté le programme de préparation pour que je puisse continuer sans me faire mal.

Dans des situations pareilles, on tombe trop bas on se retourne contre nous-même et contre le monde entier ! les pensées élégiaques prennent possession de nos esprits et on se pose 1000 fois la même question idiote « pourquoi moi ! ». Mais moi j’avais de la chance, j’étais bien entourée, ma famille mes amis et mon coach … parfois il suffit d’avoir les bonnes personnes au bon moment, des personnes qui font disparaître nos doutes pour transformer le désespoir en énergie positive, qui, au lieu de vous tirer vers le bas, vous propulse très haut !

Leçon N°3 : Tout obstacle renforce la détermination. Celui qui s’est fixé un but n’en change pas.

Nonobstant les avis et les conseils qui viennent à moi sans que je les aie demandés, je décide de suivre mon envie et mon inspiration ! j’ai vécu pire et j’ai appris que dans la vie il faut se dépasser quand tout va bien et se surpasser quand tout va mal ! Alors moi j’optimisme ! je ne lâche rien !La décision était plus dure pour mes parents que pour moi, mais ils ont cru en mon rêve, ils ont cru en moi et c’est à contre cœur qu’ils acceptent ma décision !



Une semaine après mon accident, je tente ma première sortie EF, le bras en écharpe, j’ai tenu à retourner sur le lieu de l’accident ! je voulais reprendre la où je me suis arrêtée…Après une semaine d’arrêt la reprise se passe plutôt bien ! Comme promis, je vous ai épargné les détails de mes séances, les EF interminables, les Sorties de plus en plus longues, les fractionnés à 4h du matin les chiens … le froid, Chacune de ces séances avait sa couleur, certaines me rapprochaient de mon Marathon, d’autres me repoussaient en arrière. Tout se joue dans la tête, les jambes ne font que suivre.



Puis vint l’incontournable sortie des 32 bornes !



Ironie du sort, la sortie la plus longue de la préparation tombe à pic ! deux semaines après ma chute ! alors en contre avis médical, j’ai décidé de la faire sans mon écharpe, j’ai donc commencé à l’enlever de temps en temps au bureau, à la maison et même en voiture, pour apprendre à gérer la douleur ! (Un comportement irresponsable, je l’admets !).



La fameuse sortie 32km était programmée sur la 9eme semaine de préparation, mais dans ma tête, c’était là que commençait la vraie préparation ! paradoxalement cette sortie annonçait la fin du programme, à partir de là, la charge d’entrainement diminue et les séances deviennent de plus en plus courtes, disons que cette sortie était le début de la fin !Je crois pouvoir dire que ça a été la meilleure sortie de toute la préparation ! J’ai pu tout contrôler, l’allure, la FC et le ravitaillement ! 32 km en 3h45 ! et surtout sans aucun micro arrêt !!! vraiment aucun ! sauf pour le ravitaillement surprise au 16 eme km (petit clin d’œil pour les sœurs Ksouri).

Ravitaillement surprise par les soeurs KSOURI


Une vraie réussite ! Je ne me suis jamais sentie aussi proche du but ! j’étais en forme physiquement et mentalement… Une seule sortie était suffisante pour me faire basculer d’un état de déception mentale post-traumatique vers un état de détermination infrangible… à ce stade rien ne pouvait m’arrêter… sauf le bon Dieu !

Leçon N6 : courez !!!

Quelques jours après la petite balade à 32 bornes, une insignifiante douleur fait son apparition au niveau du genou gauche, puis une deuxième plus haut, une troisième!

j’ai augmenté la fréquence du glaçage mais à chaque fois je voyais apparaître une nouvelle blessure, je ne savais plus où mettre mes glaçons et pas question de faire un bain de glaces !!! j’avais l’impression de perdre le contrôle sur mon corps !j’avais besoin de visualiser la situation, alors j’ai décidé de marquer chaque blessure avec une petites croix noire, une par-ci une par-là et me voilà les jambes couvertes de petites croix, j’étais techniquement Handi-capable ! et mes « maux croisés » ont pris possession de mon esprit déjà affaibli par ces efforts interminables !



Qu’est-ce qu’une préparation sans mon cher DALY ! Après avoir ri… ri … et ri !!! de mes « maux croisés », on a pu commencer les séances, sur les 15 croix ; juste deux petites blessures en stade très peu avancé… les autres ont spontanément disparues !

La préparation continue …



S’il y a une chose que cette préparation m’a apprise… c’est bien le fait que le corps humain n’a pas de limites, semaine après semaine j’ai soumis mon corps à des épreuves de plus en plus dures et à la fin de chaque séance, j’avais cette impression que c’était la fin et que je ne pouvais plus rien demander à ce pauvre corps, qui en revanche n’a pas arrêté de me surprendre. Il y a une année je commençais la course à pied, il y a une année je galérais pour finir 5km, il y a une année il m’était impossible de faire un semi-marathon sans finir chez mon cher kiné, aujourd’hui après 8 semaines de préparation (400 km parcourus) mon corps tient le coup, et en demande plus !

Il n’y a rien de magique là-dedans ! durant cette année mon corps a évolué, j’ai appris à le respecter, à ne plus négliger les conseils des plus expérimentés, j’ai suivi le programme à la lettre et je ne me suis pas laissée empoter par mes folies !



Cette préparation m’a changé à jamais, en fait si on vous dit que faire un marathon ça vous change la vie, dites-leur d’étre plus précis, c’est en fait la préparation qui est la vraie raison derrière ce changement et non pas le marathon ! disons que le marathon n’est que la dernière sortie longue de la préparation ! d’ailleurs je profite pour dire à mes camarades qui ne sont pas venu au bout des 42km, vous êtes des héros, vous avez survécu à cette préparation Herculéenne ! ce n’est pas évident de ne pas craquer, de supporter cette charge kilométrique, on est quand même passé de 20 km par semaine à 50 km !! c’est un exploit ! alors bravo camarades ! vous devez être fiers, on est fier de vous !


Pour clôturer le chapitre préparation je vais vous donner un conseil !


Si vous pensez préparer un marathon ne le faites pas en solo, faites-vous entourer de braves gens ! parce que préparer un marathon ce n’est pas juste cumuler des Km et manger des pâtes, c’est un événement qui vous changera à jamais, vous allez avoir besoin de partager vos souffrances et vos accomplissements avec des gens qui vous comprennent, des gens qui sont dans le même pétrin que le vôtre.



Moi j’ai eu cette chance quand j’ai atterri au sein du COMAR TEAM ! d’ailleurs mes amis je vous dois des excuses ! je vous ai jugé un peu trop vite ! Au début, je vous trouvais un peu trop sérieux et trop focalisés sur les chiffres, mais j’ai vite changé d’avis ! en vous côtoyant de plus près, j’ai découvert des personnes magnifiques, pétillantes et surtout solidaires ! tout le long de la préparation on s’est parlé tous les jours et même plusieurs fois par jour, on s’est partagé beaucoup plus que nos sorties Running, on avait la discussion de groupe la plus rigolote! on parlait de tout et de rien, famille, boulot, alimentation, blessures, tout vraiment tout!


J’ai eu la chance d’avoir fait partie du BARCELONE-TEAM(Semi-marathon de Barçelone 2017) puis du COMAR TEAM et je peux vous dire que ce sont les TEAM qui font du RCT un club pas comme les autres! au RCT on ne fait pas les choses en solo, nous on les fait en TEAM ! c’est vrai qu’on est le club qui compte le plus de membres et pourtant on est le club le plus uni et le plus solidaire, RCT ce n’est pas un Club … c’est une FAMILIA !


On y est presque ! les derniers jours étaient pleins d’émotion, les dernières séances, les derniers km, les tenues... Nous avions besoin de décompresser et d’évacuer le stress alors tous les moyens étaient bons ! pasta-party, grillades-party, Daly-party… Le team était plus soudé que jamais, nous étions prêts !


LE GRAND JOUR !



Si on m’avait dit lorsque j’ai débuté la course à pied que j’arriverais un jour au bout de ces 42,195 km, je crois que je me serais étouffée de rire !!! je n’arrive pas à croire que je l’ai faite ! et après juste une année de course à pied ! Premier semi-marathon COMAR 2016, Premier Marathon COMAR 2017 !

Pour mon Premier Marathon, je ne pouvais rien laisser au Hasard !

Durant une année je n’ai presque raté aucune compétition en Tunisie et s’il y a une chose à retenir de toutes ces compétitions … c’est de ne jamais compter sur l’organisation ! ce marathon je vais le faire en mode autosuffisance !

PS: finalement le ravitaillement COMAR était au top !



Je ne pouvais pas tout prendre dans ma ceinture de ravitaillement alors j’ai dû être créative ! comment garantir un ravitaillement personnalisé, régulier,rassasiant et surtout adapté à mes besoins à chaque étape de la course ?! Voilà ce que moi j’ai fait ! J’ai acheté 4 flacons pour « test d’urine » à la pharmacie, j’ai reparti mon ravitaillement sur les flacons en tenant compte de mes besoins à chaque point 16, 21/26 et 33 km. Tard la veille du marathon, j’ai mis en place mes flacons sur le circuit en marquant soigneusement les emplacements #RCT, je ne voulais pas de mauvaises surprises. C’était de la folie sur le coup, mais aujourd’hui je me félicite pour cette brillante idée !



Le 03/12/2017, la nuit a été longue… à propos il ne faut jamais paniquer si vous n’arrivez pas à dormir le soir d’une compétition, c’est tout à fait normal d’avoir des insomnies dues au stress, alors pas de panique, dites-vous que vous n’êtes pas les seuls !Mais moi j’ai paniqué !!!!!!!!!!!



A 7h du matin je suis déjà sur place, à vrai dire Je ne me rappelle pas grand-chose de ce qui s’est passé avant le départ ! Ce n’est pas parce que j’étais concentrée sur ma course! non ce n’est pas mon genre! ! mais plutôt parce que j’étais distraite ! Alors passons directement à la ligne de départ ! c’était le départ le plus banal que je n’ai jamais vu ! sans musique ni animation ! c’était une très mauvaise idée de placer la scène d’animation très loin de l’arche de départ !



Avec camarade Mokhtar Benneri nous étions les seuls à avoir choisi de suivre le grand Miragiste Yassin Fatnassi(Finisher de l’ultra Mirage 2017 100 km dans le désert Tunisien) qui s’est proposé meneur d’allure pour les 5h ! bien qu’au fond j’étais sûre de pouvoir faire mois de 5h, mais j’ai décidé d’être sage !

Un départ réussi, avec une seule idée en tête ; respecter mon allure ! et c’est ce que j’ai fait sur les 23 premiers kilomètres.



Au 12 eme km! J’ai ressenti un début de frottement très inconfortable au niveau du petit orteil, j’ai essayé de l’ignorer et de ne pas y penser, mais ça devenait de plus en plus douloureux ! Pourquoi je n’avais pas mis mes nouvelles chaussures !!! je ne pouvais plus supporter la douleur, alors j’ai dû improviser ! il ne faut surtout pas paniquer ! je me suis rappelée un camarde, qui a utilisé le cortex d’une banane pour atténuer les frottements ! créatif Suhaiel Zhiri ! Mais je n’avais pas de banane ! par contre, il y avait des éponges partout, je ramasse une éponge je l’ouvre en sandwich et je l’insère dans mes chaussures, il m’a fallu deux essais pour trouver la bonne et je reprends … sans douleur ! fastoche !




Mes petites boites de ravitaillement étaient toujours en place, le calcule est parfait un bon ravitaillement au bon moment ! j’attendais encore d’atteindre la première boite de ravitaillement (16km) quand j’ai vu le premier de la course passer de l’autre côté de la barrière ! il était déjà sur le chemin de retour ! impressionnant ! et moi j’ai faim ! Quelque Km plus loin on trouve camarade Mokhtar en détresse, il était blessé, mais il ne lâche pas il continue à marcher. Après plus que 2h de course nous voilà à Carthage face à la Cathédrale, je commence à fatiguer, j’écoutais camarade Yassine mais je n’avais plus la force pour faire la causette ! Encore un semi-marathon à tirer !

Mes camarades n’étaient pas loin devant, on a tous respecté l’allure proposée par le coach !


Vous vous rendez compte !! la veille du marathon nous avons tous reçu un programme d’allure personnalisé à suivre tout le long de la course et ce n’est pas tout ! il y avait deux programmes pour chacun d’entre nous ! un programme pour le beau temps et un deuxième au cas ou il y aura du vent ! c’est ce que j’appelle du vrai coaching ! Merci Wassim !





Certains pensent que faire un marathon, ça revient à faire deux semi-marathons, ou quatre fois 10 km. En fait non ! d’ailleurs un marathon ce n’est pas juste 42km, un bon ravitaillement et une bonne préparation !!! sur un marathon, on fait face à un nouvel état émotionnel qui mérite d’être enseigné en psychologie tout comme « la joie », « la panique » et « l’angoisse », mais contrairement à tous les états émotionnels partagés pas le commun des mortels, celui-là est un état supérieur, uniquement réservé à une minorité, ceux qui osent se lancer sur un marathon ! et je l’ai baptisé « La Marathonasse » un mélange de peur et de courage, de crânerie et de soumission, de faiblesse et ténacité… “La Marathonasse” te pousse à te remercier “toi même” pour t’avoir donné à “toi même” l’opportunité de te détester”Toi même” ! voila!

Le vrai problèmes c’est que durant la préparation et même si on atteint les 32 bornes, notre corps et notre cerveau restent toujours dans leurs zones de confort respectives, cet étrange état émotionnel qui est la « Marathonasse » on l’affronte pour la première fois le jour du marathon ! et on doit improviser pour pouvoir le gérer !

Leçon N°7 : il ne faut jamais prendre au sérieux les idées qui immergent dans la tête d’un coureur au beau milieu d’un marathon ! ou même quelques mois après la course ! Marathonasse tu dis !


Revenons à mon Marathon ! En prenant le virage vers la Grande Mosquée de Carthage il n’y avait plus personne en vue !!! et pourtant on a gardé la même allure !! on est bons ! alors comment ça se fait qu’on s’est fait dépassés à ce point ! ce que je m’apprête à vous raconter n’est pas du tout à mon honneur, mais j’ai décidé de tout vous dire, afin que vous reteniez des leçons et ne pas succomber à la tentation, peu importe sa nature ! Je pense que la seule solution pour bien gérer « La Marathonasse » c’est de tenir compte de l’expérience des autres !


Le fait de perdre mes camarades de vue m’a mise dans un état de faiblisse générale, pour être plus précise, c’était un mélange de colère et de désespoir, j’étais en colère contre mon corps ! je ne comprenais pas ce qui s’est passé ! j’étais à la bonne allure même si j’ai fait les pentes en marchant ! comment est-ce que j’ai pu les rater ! Sur un marathon, le pire qui puisse arriver à un coureur c’est de voir son corps tenir le coup, alors que son mental le lâche !!!


Dans les situations pareilles, dire que tout va bien, que tout va très bien se passer, ce n'est pas de l'optimisme, c'est de la bêtise, j’étais dans le pétrin ! les pauses marche se succèdent et deviennent de plus en plus fréquentes et de plus en plus longues. Camarade Yassine essayait de me booster mais on savait bien tous les deux que ça ne va plus marcher ! mon cerveau me lâche, entraînant tous mes muscles dans sa chute ! et j’ai encore 17km à tirer !

Au 26 km j’ai craqué et j’ai demandé à Yassine de partir parce que moi j’en pouvais plus, je laisse tomber, j’ai décidé d’attendre l’ambulance que j’ai vu au 24 eme km…


Cela fait déjà un moment que je n’arrivais plus à distinguer les voies et je commençais à avoir la vision trouble ! j’ai essayé la musique mais l’effet reste limité, Yassine essayait de me parler pour pas que je sombre, je l’écoutais sans vraiment comprendre ce qu’il me disait ! Il a déjà couru 26 km à une allure très lente, pour le Miragiste qu’il est, courir à cette allure est une vraie torture, il a donc fini par craquer lui aussi « Ok sirine, je te laisse ici le peloton des 6’50’’ n’est pas loin derrière » mais qu’est-ce qu’il raconte ! mes camarades sont déjà loin devant ! tout le monde est déjà loin devant ! Je je me retourne et je vois tout le peloton 6’50’’ à quelques centaines de mètres derrière moi ! c’est quoi ce délire !? est-il possible que je les ai dépassé sans faire attention !?!! suis-je aussi mal barrée au point de passer à côté de mes amis sans les voir !? la dernière fois que je les ai vu ils étaient juste devant moi, ils ont pris le virage de la Grande Mosquée de Carthage et depuis je les ai perdu de vu ! J’étais tellement fatiguée que mon cerveau refusait de réfléchir ! Mais voilà ce qui s’est réellement passé ; ils étaient devant moi, ils ont pris le virage vers la Grande Mosquée de Carthage, ils sont entrés dans un salon de thé pour une pause technique, au même moment, moi, je prends le virage je ne trouve personne et vous connaissez la suite …

Analyse de mon marathon

Yassine part et je reste avec mes camarades, on était tous fatigués, mais contrairement à moi, eux ils arrivent à gérer, ils ont pris une pause, ils étaient calmes et sereins, la bonne ambiance typiquement RCTienne quoi ! mais moi j’étais HS. J’ai essayé de les suivre on a déjà perdu Mokhtar et Chiheb et j’étais la prochaine sur la liste et… ! Le MUR pile au bon moment !


J’y suis … le 30 eme km… je bloque ! je n’ai pas trouvé de « mur », à la place j’ai trouvé Une montagne !!! c’était comme si mon cerveau s’est transformé en pierre et qu’il est devenu trop lourd ! lourd à réagir, lourd à porter… je m’écroule littéralement sous son poids ! je m’arrête, ou plutôt je me fige sur place… Le monde commence à danser autour de moi ! j’avais l’impression que mon cœur pompait de l’air ! mon thorax vibrait violemment avec chaque battement… et ça fait mal !!! “ça va passer c’est juste le mur ! tout le monde dit que ça passe !!! tiens bon !”

Petit à petit je reprends mes esprits et je me remets à marcher, personne ne pourra me sortir de la ! je n’avais que Dieu et ma petite personne ! je ne craignais pas d’avancer lentement je craignais seulement de m’arrêter. Parce que si je m’arrête … j’arrête !!! Effectivement sur les 12 derniers km je ne me suis plus arrêtée, j’ai alterné la marche et la course, mais aucun micro arrêt ! les ambulanciers m’approchent ils me proposent de me remmener, je ne m’arrête pas je les regarde…je demande des nouvelles de Mokhtar et Chiheb ! puis je continue !

Sur les 12 km il n’avait que moi, une ambulance et une voiture de police, je suis vraiment reconnaissante pour ces messieurs, je sais qu’ils ne faisaient que leur boulot, mais ils ont été d’une gentillesse remarquable. Il y a une autre personne pour laquelle je suis redevable ! La brave Mariem Radhouane , qui est revenue m’accompagner sur son vélo, ce jour-là, j’ai voulu avoir la force de lui dire à quel point je lui suis reconnaissante ! Alors voilà je profite cette fois pour te dire du fond du cœur Merci ! tu es une personne magnifique ! elle était prête à m’accompagner jusqu’à la ligne d’arrivée mais je savais que la route était encore longue et que je risque de devenir « difficile » pour ne pas dire autre chose et je ne voulais pas la mêler à tout ça ! alors je lui ai demandé de ne pas s’inquiéter pour moi ça va aller ! et affectivement juste après son départ j’ai basculé du côté sombre !

Photo prise par camarade Ahmad Fahem Majdoub au 38 eme km

Le 36 eme km, un policier est venu me demander « s’ils peuvent » libérer la circulation, à ce stade, ça m’est égale, « circulation » ou « pas circulation » qu’est-ce que ça va changer je suis morte ! je réponds d’un geste de ma tête pour « OK » ! dernier point de ravitaillement, les bénévoles m’aident à remplir ma gourde, encore 5km je ne me rappel pas trop ce qui s’est passé sur ces derniers kilomètres, mon cerveau n’était plus capable de mémoriser les images, je prenais les mini palmiers au abord de la route pour des personnes, d’ailleurs de je ne suis même pas sure si le dernier ravitaillement était avant ou après le 36 eme km !


Le 38 eme km j’ai vu un visage familier ! ça ne peut pas être un palmier !! c’était le grand Ahmed Majdoub ! oui il était vraiment là, la preuve il m’a prise en photo ! j’étais tellement heureuse de l’avoir croisé !!! Merci camarade !


J’ai toujours eu confiance en mes camarades, je savais qu’ils ne me laisseront pas tomber et qu’ils seront sur la ligne d’arrivée pour m’accueillir, mais je dois avouer que pendant un moment de désespoir, j’ai eu des doutes ! Et j’ai commençais à nourrir cette idée sombre, peut-être que je ne voulais pas être déçue, il se peut que je ne trouve personne à mon arrivée … même pas l’arche, ça va faire presque 5h que je cours et j’ai encore 4 km à tirer ! je comprendrai ! s’ils décident de rentrer chez eux ... oui je comprendrai … « alors tu vas finir 42.195km seule, et tu seras quand même fière ! » ! ne m’en voulez pas camardes ! je n’avais plus toute ma tête, ni mes jambes ni mon corps !!!


Encore 1km, pas question de franchir la ligne d’arrivée en marchant, je n’avais que dieu pour me sortir de là ! alors je me suis jurée au nom de dieu de ne plus m’arrêter ! le km le plus dur de toute la course !



A 400m de l’arrivée je vois Yosra Ben Younes venir vers moi ! elle essaye de m’encourager, ça fait déjà un moment que je ne ressens plus mes jambes, elle essaye de me pousser ! elle me dit que tout le monde m’attend sur la ligne d’arrivée ! que je dois tenir pour eux ! alors ils étaient là !? ils m’ont attendu !! je ne peux pas vous décrire ce que j’ai ressenti à ce moment-là ! ses paroles m’ont vraiment touché! comment ai-je pu douter de mes camarades ?! J’y suis ! c’est fini je l’ai fait !!! tous mes CAMARADES étaient là ! l’arche et toujours en place !!! le tapis, lamédaille !!


Je suis FINISHER !!! je suis marathonienne ! je pleure toutes les larmes de mon corps, je n’avais pas mal ou peut être que si ! mais je ne ressentais plus rien du tout, j’avais juste envie de dormir !



Une année au sein du RCT, plus que 15 compétitions ! j’ai vu des centaines de camarades franchir la ligne d’arrivée bien entourés, mais je n’ai JAMAIS vu un accueil comparable à celui auquel j’ai eu droit sur la ligne d’arrivée de mon premier Marathon !!! je suis contente d’avoir fait mon premier marathon en Tunisie entourée de mes amis je ne m’imaginais pas franchir la ligne d’arrivais seule ailleurs ! à Paris, à Berlin ou même à New-York, ça sera cool et surtout bien mieux organisé, mais croyez-moi, même si vous le faites en groupe, personne n’aura le droit de venir vous chercher à 400m de l’arrivée ; là-bas ils ont des lois et des règles et ils tiennent à les appliquer !!! Merci mes camarades, vous m’avez offert le plus beau cadeau qu’une runneuse peut espérer ! grâce à vous je suis une marathonienne comblée ! grâce à vous je suis une runneuse heureuse !




Leçon N°8 : Faites votre premier marathon chez vous, entourés de vos camarades ! tout le monde mérite de vivre ce que moi j’ai vécu sur la ligne d’arrivée de LA COMAR !

Si je suis satisfaite de ma performance ? bien sûr que non ! je pouvais faire beaucoup mieux ! Ne croyez pas que je fais dans l’insatisfaction un moyen de nier ma performance, car depuis le début, c’est bien de franchir la ligne dont il était question. Mais j’ai tellement marché vers la fin, que je ne parviens pas à m’en satisfaire. Je ne peux qu’être fière ! Je détiens le titre de Marathonienne et ça c’est pour la vie !


Si je vais le refaire ?! bien sûr que oui ! maintenant ce n’est plus question de ligne d’arrivée, maintenant c’est plutôt une question de revanche ! entre moi et les 10 derniers Km !Et vous ! si vous hésitez encore à vous lancer, sachez qu’il n’y a pas un bon moment pour faire un marathon ! il faut juste suivre la bonne préparation parfaitement adaptée à votre niveau ! et si moi je suis arrivée à le faire, Alors tout le monde peut y arriver !

So Keep running !



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